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Telegram, Messenger, WhatsApp : vos messageries sont-elles vraiment sécurisées ?

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Les applis de messagerie détrônent les SMS. Mais respectent-elles la vie privée ? Sont-elles suffisamment sécurisées ? Réponses avec un spécialiste.

Emmanuel Macron en est adepte. De quoi ? Telegram. Cette application de messagerie sur smartphone compte plus de 200 millions d’utilisateurs. Macron donc, mais aussi une bonne part de la classe politique française, de nombreux avocats, Nikos Aliagas, Pascal Obispo ou encore Alexandre Bompard, le PDG de Carrefour. Elle permet d’échanger textes, photos, vidéos, et de se parler sans passer par le réseau téléphonique.

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Le président s’en sert pour converser avec ministres et proches, et l’avait même utilisé avec Alexandre Benalla, cet ancien de l’Elysée empêtré dans des affaires politico-judiciaires, selon nos confrères de Mediapart. À se demander si les textos ont encore leurs mots à dire. Car, à l’instar de Telegram, de nombreuses messageries gratuites envahissent nos smartphones, comme Messenger ou WhatsApp, toutes deux appartenant à Facebook.

Racheté en 2014 par le géant du réseau social, WhatsApp comptait 1,5 milliard d’utilisateurs actifs en 2018, dont 14,5 millions en France ! Sans oublier Viber, Signal, Wickr, Wire, les applications françaises Citadel et Skred, ou encore iMessage, la solution d’Apple. Même l’Etat français a lancé le 16 avril sa propre messagerie, Tchap, réservée à ses agents.

Aucune confidentialité avec les SMS

Ces logiciels se veulent plus ergonomiques et plus pratiques que les textos. Plusieurs personnes peuvent par exemple discuter ensemble, pas seulement deux. Mais ces programmes se révèlent surtout plus sûrs. « Un SMS reste lisible par les opérateurs téléphoniques et par quiconque s’infiltre sur leur réseau, ce qui est parfaitement possible grâce à nombre de techniques, rappelle Stéphane Bortzmeyer, spécialiste des réseaux informatiques. Votre vie privée peut être épiée par énormément de gens : les opérateurs, les services de renseignement, la police, des gangsters… »

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La parade est de chiffrer les conversations de bout en bout : le texte est codé sur le terminal de l’expéditeur et décodé seulement sur l’appareil du correspondant. Entre les deux, il demeure incompréhensible pour ceux qui l’intercepteraient. WhatsApp chiffre de bout en bout, par défaut. Dans Messenger, il faut activer le mode « conversations secrètes » manuellement. Tchap chiffre aussi les conversations du début à la fin, et elle stocke les données en France.

Quid de Telegram, qui a bâti sa réputation sur la confidentialité ? L’appli ne chiffre pas de bout en bout automatiquement, mais uniquement si l’utilisateur sait la configurer. « Telegram n’a rien de particulier par rapport à une autre messagerie », s’amuse l’informaticien Stéphane Bortzmeyer. Les applications ne se valent pas pour autant.

Des failles même chez les applis stars

Beaucoup d’entreprises, même les plus grandes comme Facebook, connaissent des fuites de données et la majorité des logiciels doivent corriger régulièrement des failles de sécurité. Dès le démarrage de Tchap, un expert indépendant en a immédiatement pointé une, corrigée depuis. Le 14 mai dernier, WhatsApp a admis avoir été touché par l’une d’elles. Il suffisait aux pirates d’appeler un utilisateur pour introduire un logiciel espion et accéder au contenu de son smartphone.

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 « Il n’est pas étonnant que les dictateurs semblent adorer WhatsApp, a raillé Pavel Dourov, le patron du concurrent Telegram. Son manque de sécurité leur permet d’espionner leurs peuples. WhatsApp reste donc disponible dans des pays comme la Russie ou l’Iran, où Telegram est interdit. » Dourov, qui se présente régulièrement comme un défenseur de la liberté sur Internet, a même proposé en 2013 d’embaucher Edward Snowden, qui avait révélé la surveillance de masse à laquelle s’adonnaient les Etats-Unis.

Les experts s’interrogent enfin sur la présence possible de « backdoors ». Dans le cas d’une messagerie, ces « portes dérobées », invisibles pour l’utilisateur, permettent de le mettre sur écoute. On ne parle pas là de failles de sécurité, mais d’options sciemment ajoutées dans le code du logiciel, afin de fournir aux autorités un accès à vos informations. Du délire complotiste ? Il n’existe aucune preuve.

Snowden recommande Signal

En 2018, le ministère américain de la Justice a sommé Facebook de lui donner accès aux contenus des conversations vocales sur Messenger. En vain, semble-t-il, pour l’instant. Et Telegram mène de son côté un bras de fer avec le Kremlin pour des raisons similaires.

Quoi qu’il en soit, il est impossible de vérifier l’absence de telles portes dérobées chez Telegram, WhatsApp ou Messenger, ces applications ne publiant pas leurs codes. Ce n’est pas le cas de Tchap, l’appli de l’Etat français, qui est développée sur un code ouvert et assure donc une certaine transparence. Signal aussi permet un contrôle par des experts indépendants, tout en chiffrant les conversations de bout en bout. C’est d’ailleurs l’application recommandée par Edward Snowden.

Avec Le Parisien