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Burkina Faso/Procès du putsch manqué : le verdict est tombé ce lundi

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Les généraux Gilbert Diendéré et Djibrill Bassolé, accusés d’être les cerveaux du coup d’Etat manqué de 2015 au Burkina Faso, ont été condamnés respectivement à des peines de vingt ans et dix ans de prison, ce lundi 2 septembre, par le tribunal militaire de Ouagadougou.

Diendéré, 60 ans, ancien bras droit de l’ex-président Blaise Compaoré, a été reconnu coupable d’« attentat à la sûreté de l’Etat » et de « meurtre » et été condamné à vingt ans de prison ferme, selon le verdict lu par le tribunal. M. Bassolé, 62 ans, ancien ministre des affaires étrangères, a été reconnu coupable de « trahison » et condamné à dix ans d’emprisonnement.

La dizaine de militaires membres du commando qui avait arrêté les membres du gouvernement de transition pendant ce coup de force raté ont aussi été condamnés : dix-neuf ans de prison pour l’adjudant-chef Eloi Badiel, considéré comme le chef des opérations du putsch, dix-sept ans pour l’adjudant-chef Nébie, dit « Rambo », qui avait reconnu avoir mené le groupe, et quinze ans pour les autres.

Quant au lieutenant-colonel Mamadou Bamba, qui avait lu à la télévision le communiqué des putschistes, il a été condamné à dix ans de prison, dont cinq avec sursis.

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Six personnes acquittées

Le verdict met un terme à ce procès marathon hors norme, qui jugeait au total 84 accusés, dont six ont finalement été acquittés.

Les mesures de sécurité avaient été renforcées, lundi, autour de la salle des banquets de Ouaga 2000, un quartier huppé de la capitale, où le procès a été délocalisé. Contrairement au début du procès, l’an dernier, l’affluence dans la salle d’audience était cependant faible, essentiellement des militants d’organisations de la société civile et des blessés du putsch. Les peines prononcées par le tribunal militaire sont inférieures aux réquisitions du parquet, qui avait demandé la prison à vie pour MM. Diendéré et Bassolé et vingt-cinq ans contre les membres du commando.

Le 16 septembre 2015, une unité d’élite de l’armée burkinabée, le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), avait arrêté le gouvernement de transition mis en place près d’un an plus tôt après la chute de Blaise Compaoré. Ce dernier avait été chassé par une insurrection populaire, en octobre 2014, après vingt-sept ans de pouvoir. Le coup de force du RSP, garde prétorienne du régime Compaoré, avait été mis en échec une douzaine de jours après par la population et des unités loyalistes de l’armée, mais au prix de quatorze morts et 270 blessés.

Le général Diendéré, qui avait dirigé le RSP par le passé et qui avait pris la tête du Conseil national pour la démocratie, l’organe dirigeant des putschistes, a réfuté toutes les accusations. De même que M. Bassolé, qui était poursuivi sur la base de l’enregistrement d’une conversation téléphonique avec l’ancien président du Parlement ivoirien Guillaume Soro. L’ancien chef de la diplomatie burkinabè, apparu affaibli au procès, affirme être gravement malade et a demandé une évacuation sanitaire.

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Les avocats des deux hommes avaient plaidé l’acquittement, estimant que le procès n’a prouvé ni la culpabilité ni l’implication précise des deux hommes.

Vers un début de réconciliation ?

L’issue du procès pourrait permettre, selon les observateurs, d’amorcer un début de réconciliation au Burkina, toujours divisé depuis la chute de Compaoré, en vue de l’élection présidentielle de 2020, et de ressouder les liens au sein de l’armée, fortement ébranlée par le putsch manqué et dont la hiérarchie a largement été mise en cause.

Beaucoup d’acteurs politiques et civils ont appelé à une « réintégration » des officiers de l’ex-RSP dissous après le putsch, qui disposait de la première unité spéciale antiterroriste du pays, pour lutter contre les groupes djihadistes qui ont multiplié les attaques dans le pays depuis 2015, faisant plus de 500 morts.

lemonde.fr/AFP