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Coronavirus : Le vaccin, une affaire de gros sous

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Un énorme pactole en prime.

Ils se tirent la bourre depuis plusieurs mois. Pour contrer l’épidémie de coronavirus, les laboratoires pharmaceutiques du monde entier se sont mis à potasser le sujet avec une rapidité sans commune mesure. Et certains sont même à deux doigts de franchir la fameuse phase III, condition sine qua non pour pouvoir commercialiser leur produit. Les laboratoires Pfizer et BioNTech ont ainsi confirmé qu’ils déposeraient une demande d’autorisation de mise sur le marché, ce vendredi, auprès de l’Agence américaine des médicaments (FDA).

Mais, en temps normal, créer un vaccin peut s’avérer beaucoup plus long. Et non pas se compter en mois, mais en années ! Une seule chose ne varie pas, ou si peu : son coût.

Plusieurs millions d’euros d’investissement

« Pour financer la phase de développement, qui représente plusieurs millions d’euros, ce sont les laboratoires eux-mêmes qui mettent la main à la poche. Les petits labos, souvent plus novateurs mais qui pâtissent de moyens financiers plus limités, sont forcés de nouer des partenariats avec leurs homologues », explique Claire Roger, présidente du comité vaccins du Leem (Les entreprises du médicament) et responsable de la partie vaccin France pour le laboratoire pharmaceutique GSK.

Trois étapes composent cette phase de création d’un candidat vaccin : une première permettant de tester l’antigène sur les animaux, une deuxième pour un test sur une dizaine à quarantaine de personnes maximum, puis une troisième et dernière étape de tests réalisés à plus grande échelle, sur 40.000 à 60.000 volontaires. « Ce qui coûte le plus cher dans tout ça, c’est le monitoring des patients », assure Claire Roger.

Une production plus délicate que celle d’un médicament

Une fois cette troisième étape franchie avec succès, une demande de mise sur le marché peut alors être effectuée. « En période de pandémie, il est possible de mener de front les étapes 2 et 3 », précise la responsable de GSK.

Il faut alors mettre en place une usine vaccins permettant de produire l’antigène. Et à chaque nouveau vaccin, sa ligne de production dédiée. Car celle-ci est plus complexe que celle d’un médicament puisqu’il s’agit de molécules biologiques, et non chimiques. La phase de production coûte quasiment autant que la phase de développement : entre 300 et 400.000 euros.

Un retour sur investissement incertain

Les frais de création d’un vaccin ne sont donc pas anodins et représentent un investissement conséquent pour les laboratoires. Alors, pour se prémunir en cas d’accident dans la chaîne de production, ils négocient âprement des précommandes auprès d’institutions, et notamment des Etats. « Il ne faut pas oublier que, bien que cela varie d’un laboratoire à l’autre, les vaccins ne représentent généralement pas plus de 20 % de leur chiffre d’affaires », souligne Claire Roger.

Alors, pourquoi se lancer dans une telle course ? A la différence d’un vaccin contre la grippe, celui contre le Covid-19 pourrait rapporter beaucoup plus gros, au vu du nombre de pays touchés par la pandémie. De plus, celui qui serait le premier à franchir la ligne d’arrivée pourrait voir bondir ses actions en bourse. Pour preuve, les +145% du laboratoire Moderna et +315 % d’Inovio Pharmaceuticals depuis le début de l’année.

Mais les millions d’euros déjà investis dans la recherche pour un vaccin anti-Covid ne seront pas suffisants pour assurer une distribution mondiale. Ce vendredi, un appel a été lancé par plusieurs dirigeants aux pays du G20 pour aider à combler un manque de 4,5 milliards de dollars dans le fonds de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) destiné, notamment, à la distribution des vaccins contre le coronavirus.

Avec 20 minutes