La justice a fini par les rattraper. Le tribunal correctionnel de Paris a prononcé mardi des peines de prison ferme pour deux fausses victimes des attentats du 13 novembre.
Yann Abdelhamid Mohamadi, gérant de la pizzeria Casa Nostra visée par les jihadistes, affirmait avoir été au sous-sol du restaurant pendant l’attaque. Il avait fait une demande d’indemnisation auprès du FGTI, qui lui avait été refusée. L’enquête avait établi qu’il n’y était pas. Mais Yann Mohamadi a répété à l’audience, voix hésitante, qu’il était “à la cave” : “A aucun moment je n’ai pensé à tricher.”
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Déplorant qu’il ait “essayé à nouveau de tirer profit de la situation”, le parquet a requis contre lui trois ans de prison, dont 18 mois avec sursis, avec incarcération immédiate et assorti d’une obligation de soins. Il a été condamné à deux ans de prison, dont un avec sursis et immédiatement écroué. C’est sa deuxième condamnation suite aux attaques du 13 novembre : il déjà été condamné pour avoir divulgué une vidéo de l’attaque de son restaurant.
“Je voulais qu’on s’occupe de moi”
Serge Dieujuste, l’autre personne jugée, a été condamné à la même peine et arrêté à l’issue de l’audience. Cet homme de 44 ans avait été reconnu comme victime de l’attentat de 1995 à la station Saint-Michel mais a avoué être une “fausse victime” de celui du 13 novembre 2015, qui a fait 130 morts et des centaines de blessés.
Selon le procureur, il menti “pour toucher à nouveau l’argent du Fonds de garantie” des victimes de terrorisme et autres infractions pénales (FGTI).
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Serge Dieujuste a reconnu avoir tenté d’escroquer le FGTI en assurant qu’il dînait seul au Petit Cambodge, où trois personnes ont été tuées par les assaillants du 13 novembre qui avaient pris ce restaurant parisien pour cible. Selon ses dires, il s’était abrité sous des tables et restait hanté par le regard d’une jeune femme agonisant sous ses yeux.
Il avait déposé plainte puis avait été hospitalisé à deux reprises en psychiatrie en raison du choc psychologique qu’il assurait avoir subi. Le FGTI avait refusé de l’indemniser faute de preuves suffisantes de sa présence sur place et une longue enquête avait fini par établir qu’il était chez lui, en banlieue parisienne, ce soir-là. En garde à vue en mars, il avait finalement reconnu avoir menti. Serge Dieujuste avait été jusqu’à déjeuner au Petit Cambodge à sa réouverture, en mars 2016. Il y avait notamment demandé s’il existait des caméras de vidéosurveillance le soir des attaques.
Reconnu comme victime de l’attentat de 1995 à la station RER de Saint-Michel, à Paris, il a reçu plus de 108.000 euros du FGTI. Il a expliqué son mensonge en 2015 par un sentiment de solitude et un manque de soins après 1995 : “Je voulais qu’on s’occupe de moi”, a-t-il dit, présentant ses “excuses”. Le parquet comme le FGTI ont demandé la publication de sa condamnation dans Le Monde et sur RTL, auprès desquels il s’était épanché.