Les pertes de fruits en période de récolte engendrées par le manque de conservation ou de transformation, ou même par défaut de consommation par le marché local auquel ils sont destinés sont légion sous nos cieux ; avec pour corolaires immédiats, des pertes économiques pour les exploitants agricoles et des pénuries en période de contre-saison avec son lot de spéculation. Si des leviers pouvaient être appliqués à différents niveaux pour changer la donne, celui du Togolais Komi Agbeviade à travers son entreprise, Ed’M-Togo, est la transformation des fruits naturels en confitures pour être commercialisées.
Rencontré à l’issue de la foire ‘’Made in Togo’’ qui s’est déroulée en fin du mois de juillet dernier, il nous présente son entreprise et ses prochains objectifs.
Entretien avec Komi Agbeviade, Directeur général Ed’M-Togo.
Lfrii l’entreprenant : M. Komi Agbeviade, qu’est-ce qui vous a poussé à prendre cette initiative ?
Komi Agbeviade : « Au départ, nous exportions des fruits naturels que nous commercialisions en France. Cela avait duré dix (10) ans. Comme vous le savez, une grande partie des fruits sur nos marchés tombe en putréfaction. On s’est dit qu’il fallait apporter une solution en faisant de la transformation pour ainsi éviter ce gaspillage. Aussi, la plupart des produits finis à base de fruits tropicaux importés, qui sont revendus sur nos marchés, est issue de la transformation de nos fruits naturels. Ces raisons nous ont poussés à songer à nous lancer dans la transformation, il y a six ans. Une partie de notre production est exportée. L’autre partie est vendue sur le marché local, pour en faire profiter les nationaux et créer de la valeur ajoutée au pays. »
L.E. : Des confitures et des caramels pour le consommateur togolais. Mais quel accueil a-t-il réservé pour ces produits qu’on pourrait qualifier de « réserver à une catégorie de personnes aisées » ?
K.A. : « Un très bon accueil. Les gens apprécient les produits et sont même surpris, qu’on puisse faire des produits pareils au Togo. Il faut qu’on commence par changer nos mentalités au Togo. Nous pouvons faire des produits de qualité chez nous capables de concurrencer des produits importés. Il faut qu’on en soit conscient.
La question, sur la catégorie des personnes cibles, a sa raison d’être. C’est justement pour cette raison que nous travaillons notre gamme de produits afin d’atteindre plus de consommateurs. Nous prévoyons, à cet effet, produire prochainement des jus de fruit avec nos produits locaux pour atteindre plus de monde. »
LE : Comment arrivez-vous à faire face aux grandes firmes et enseignes étrangères qui sont sur le marché avant votre arrivée ?
K.A. : « Chacun a sa place sur le marché (sourire). Il est vrai que le marché togolais n’est pas très vaste, mais nous faisons de notre mieux. J’aimerais à ce propos que les autorités nous apportent leur soutien afin qu’on puisse amener les togolais à consommer les produits locaux. Je pense que l’initiative de la foire ‘’Made in Togo’’ va dans ce sens.
Un tour dans des supermarchés et supérettes nous permet de constater que très souvent, les produits importés ne sont pas de bonnes qualités. Une raison de plus pour le Togolais de consommer les produits locaux. Il est possible pour les clients de venir visiter les entreprises et de vérifier les processus de fabrication de nos produits. Ce qui n’est pas toujours le cas pour les produits venant de l’extérieur.
Mais pour s’imposer davantage sur notre marché, il est important que, tous les acteurs de l’agroalimentaire du Togo s’unissent pour créer une synergie afin que le message (consommer togolais) ait plus d’impact. »
L.E. : Quels sont vos prochains objectifs ?
K.A. : « Nous nous attelons à lancer très bientôt une gamme de jus de fruit pour élargir notre gamme de produits. »
L.E. : Un message pour les jeunes qui voudraient se lancer dans le domaine de la transformation ou de la chaîne agroalimentaire ?
K.E. : « La jeunesse a effectivement besoin d’être accompagnée par les aînés, mais le problème est que seuls, nous ne pourrons pas faire grande chose. Comme je le disais précédemment, les producteurs devront unir leurs forces pour justement être plus efficaces dans l’encadrement de ces jeunes.
Quoiqu’il en soit, notre entreprise dispose d’installations qui pourront les aider. S’ils ont des projets de transformation de produits, notre usine et notre équipe sont disponibles pour leur apporter un coup de main.
Je vous remercie. »
