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La famille royale britannique, tous francs-maçons ?

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Au Royaume-Uni, berceau de la maçonnerie, l’organisation tient plus de l’institution nationale que de la confrérie secrète. Traditionnellement, c’est à un prince qu’échoit la charge de grand maître de la Grande Loge unie.

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L’avènement du roi d’Écosse au trône d’Angleterre, en 1603, sous le nom de Jacques Ier, serait à l’origine de la propagation de la doctrine maçonnique vers le sud de la grande île, avant qu’elle ne gagne le continent…

Frédéric de Hanovre est le premier franc-maçon avéré de la famille royale britannique

Le premier franc-maçon avéré de la famille royale britannique, Frédéric de Hanovre (1707–1751), prince de Galles, duc de Cornouailles et d’Édimbourg, ne verra pourtant le jour qu’une centaine d’années plus tard.

La Grande Loge d’Angleterre, née en 1717 de la réunion de quatre loges de taille modeste, existe depuis vingt ans environ quand l’héritier du roi George II est initié, probablement au palais de Scone, en Écosse, lieu traditionnel du couronnement royal. Sur l’initiative du pasteur huguenot Jean-Théophile Désaguliers (l’un des rédacteurs des Constitutions, texte fondateur de la franc-maçonnerie), le prince en devient même l’un des premiers grands maîtres, en 1737.

Ce patronage royal assure l’engouement de l’élite et une garantie de sécurité. Mais en 1751, Frédéric, prince mélomane et amoureux des arts, précède de dix ans son père dans la tombe. Il laisse une veuve, Augusta de Saxe-Gotha, et huit enfants survivants, dont cinq fils.

Trois d’entre eux, Édouard, duc York (1739-1767), Guillaume, duc de Gloucester (1743-1805), et Henry, duc de Cumberland (1745-1790), marcheront sur les traces de leur père. L’aîné, en revanche, devenu le roi George III à la mort de leur grand-père, en 1760, montre des réticences face à cette “société occulte” et refuse d’entrer “dans le métier”.

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George IV est le premier roi “franc-maçon” de l’histoire du Royaume-Uni

La dynastie hanovrienne n’en a pas pour autant en terminé avec la franc-maçonnerie. Cumberland, le cadet des quatre frères, élu grand maître en 1762, accomplit la prouesse d’enrôler six de ses sept neveux, tous fils du roi George III.

L’héritier du trône et prince de Galles, futur George IV, est initié à la loge de l’Étoile et de la Jarretière, où il prend pour devise “Amour, Honneur et Justice”. Une recrue de choix qui fonde, un peu plus tard, la loge du Prince de Galles, où viennent le rejoindre ses frères cadets. Informé, le roi George III tempête contre les compagnons “libéraux” de son fils: les politiciens Charles Fox, Thomas Dunkerley, son dentiste Ruspini et même son cuisinier, Louis Weltje!

L’élection du prince de Galles à la grande maîtrise, en 1790, confère à la maçonnerie britannique un lustre sans précédent. En 1805, il devient également grand maître de la Grande Loge d’Écosse, six ans avant d’assumer la régence du royaume, son père sombrant peu à peu dans la démence. À la mort de George III, en 1820, George IV devient donc le premier roi “franc-maçon” de l’histoire du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande. Son avènement, toutefois, l’éloigne irrémédiablement des idées libérales de sa jeunesse…

En 1830, Guillaume IV, maçon comme son aîné, succède à George IV. Mais c’est à leurs frères cadets, Édouard, duc de Kent (1767-1820), et Auguste, duc de Sussex (1773-1843), qu’il reviendra de jouer un rôle déterminant dans l’évolution de la maçonnerie britannique. En prenant la tête des deux factions rivales des “Anciens” et des “Modernes”, opposées depuis un demi-siècle, ils unissent le mouvement qui devient la “Grande Loge unie d’Angleterre”.

Le duc de Kent, à l’approche de la cinquantaine, et toujours célibataire. Et comme les unions de ces trois aînés ont échoué à donner un héritier viable à la dynastie, sa famille le presse de prendre épouse. En 1818, le prince Édouard épouse finalement la princesse Victoria de Saxe-Cobourg-Saalfeld, veuve du prince Charles de Leiningen. À cinquante ans passés, il devient le père de la future reine Victoria.

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Le prince Auguste, duc de Sussex, renforce l’union des Anciens et des Modernes

Très tôt orpheline, Victoria reporte son affection filiale sur son oncle Auguste. Ce duc de Sussex est incontestablement le plus brillant est le plus cultivé des fils du roi George III.

Adolescent, il a étudié en Allemagne, à l’université de Göttingen, avant de séjourner en Italie, où il est tombé éperdument amoureux de lady Augusta Murray, une vague cousine, descendante comme lui d’Henri VII, qu’il épouse sans attendre le consentement du souverain.

L’union “clandestine” célébrée “en terre romaine”, est aussitôt déclarée illégale en Angleterre. Mais Auguste, menacé de perdre ses droits dynastiques et sa liste civile, refuse obstinément de se séparer de la femme à qui il a juré son amour. De retour à Londres il la réépouse en secret et s’installe au palais de Kensington, avec celle qu’il considérera toujours comme son épouse légitime.

Président de la Société des arts, le duc de Sussex réunit une bibliothèque de 50.000 ouvrages, en grande partie consacrée à la franc-maçonnerie. Et en 1813, quand le prince de Galles, nommé régent, abandonne la maîtrise de la Grande Loge, il est élu à sa suite. Loin de se contenter d’une magistrature honoraire, Auguste travaille à renforcer l’union des Anciens et des Modernes et crée la loge de la Réconciliation.

Plus son frère aîné sombre dans le conservatisme, plus il soutient les idées libérales, l’émancipation des minorités religieuses et la réforme sociale. Figure tutélaire de la maçonnerie britannique, le prince Auguste éteint en 1843, regretté de tous. Ses compagnons font élever à sa mémoire une statue monumentale en marbre de Carrare, au Grand Temple de Londres.

Le fils aîné de Victoria, le futur Édouard VII, renoue avec la tradition maçonnique

À la mort du prince Auguste, faute de maçons convaincus, la famille royale abandonne la grande maîtrise pour une trentaine d’années. Le prince de Galles, fils aîné de Victoria, futur Édouard VII, renoue avec la tradition. Préparé par son futur beau-frère, le prince héritier Frédéric de Danemark, il est initié à Stockholm, en 1868, par le roi Charles XV de Suède.

Deux ans plus tard, ses frères cadets, Arthur, duc de Connaught et de Strathearn (1850-1942), et Léopold, duc d’Albany (1853-1894), rejoignent les rangs de la confrérie. Et quand le grand maître George Robinson, comte de Grey et marquis de Ripon, renonce à sa charge après une conversion au catholicisme, en 1874, le prince de Galles est élu à sa place. Son fils aîné, Albert-Victor, duc de Clarence (1864-1892), deuxième en ligne de succession au trône, devient à son tour maçon en 1885, année de son 21e anniversaire. Mais ce prince s’éteindra prématurément, sept ans plus tard…

L’avenir de la Grande Loge unie, étroitement associée à la couronne, comme par le passé, paraît assuré. D’autant que le prince de Galles, comme en témoigne les archives de l’Ordre, “ne perd jamais une occasion de montrer publiquement son attachement à la fraternité maçonnique”. Quand il coiffe enfin les couronnes du Royaume-Uni et des Indes, en 1901, Édouard VII abandonne la grande maîtrise, comme ses prédécesseurs, mais ce déclare très officiellement “protecteur de l’Ordre”.

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Édouard VIII et George VI ont été initié en 1919

Son frère cadet le prince Arthur, militaire de carrière formé à l’académie royale de Woolwich, prend alors la relève. Le général-duc de Connaught se distingue par son administration du Canada, où il devient le premier gouverneur de sang royal. Grand maître élu en Angleterre, il est aussi salué du titre de “Grand Esprit Maître des Six Nations” par les chefs de tribus iroquoises de l’Ontario canadien. C’est sous la direction de ce prince que la Grande Loge érige sur Great Queen Street, entre 1927 et 1933, Freemasons’ Hall, le grand temple maçonnique Art déco de Londres.

Si son neveu, devenu le roi George V en 1910, semble ne jamais avoir rejoint la franc-maçonnerie, le duc de Connaught convainc trois des illustres rejetons de ce dernier (David prince de Galles, Albert, duc d’York, et George, duc de Kent) d’adhérer à ses idéaux. Les deux aînés, initiés à quelques semaines d’écart, en 1919, deviendront roi, à quelques mois d’intervalle, en 1936.

Édouard VIII, titré duc de Windsor après son abdication, aurait salué son frère George VI, le père de la reine Élisabeth II, d’une poignée de main “maçonne”, au moment de lui céder la couronne. En 1939, le duc de Connaught, dernier fils survivant de la reine Victoria, s’apprête à fêter ses 90 ans. À l’approche de cette échéance vénérable, il abandonne la charge qu’il occupe depuis près de quarante ans à son petit-neveu le duc de Kent, frère cadet des deux rois précédents.

Mais en 1942, en pleine guerre, George de Kent disparaît dans un accident d’avion. Son oncle Henry Lascelles, comte de Harewood, époux de la princesse royale, Mary, devient alors grand maître jusqu’à sa mort, en 1947. En attendant un nouveau prince, la nouvelle maîtrise échoit au duc de Devonshire, beau-père de Kathleen Kennedy (la sœur du président américain), de 1947 à 1950. Puis au comte de Scarbrough, jusqu’en 1967.

Élisabeth II n’a pas perpétué la tradition des “maçons royaux”

Élisabeth II et la branche aînée de la famille royale ne semble pas avoir perpétué la tradition des “maçons royaux”. En revanche, les fils du duc de Kent, disparu en 1942, ont rejoint la confrérie.

Le prince Édouard, duc de Kent, en charge depuis près de quarante-cinq ans, accompli la plus longue grande maîtrise en trois siècles d’histoire de la maçonnerie. Et son frère cadet, le prince Michael de Kent, se montre tout aussi impliqué dans la vie et l’avenir de ce courant philosophique.

Avec Pointdevue