Le Rwanda a jugé « stupide » mercredi la campagne menée par la République démocratique du Congo à l’ONU pour la reconnaissance d’un « génocide » des Congolais dans l’Est de la RDC par Kigali et ses supplétifs.
La guerre frontalière du Rwanda, où le groupe armé M23 soutenu par Kigali a lancé fin 2024 une offensive meurtrière, plonge ses racines dans un passé marqué par le génocide des Tutsi au Rwanda en 1994, durant lequel 800.000 Rwandais ont été tués, en grande majorité des membres de la minorité tutsi mais aussi des hutu modérés.
Des centaines de milliers de hutu, dont de nombreux génocidaires, avaient ensuite fui en RDC voisine (alors appelé Zaïre), dont certains ont créé les Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR). Un groupe dont Kigali, son président Paul Kagame en tête, n’a eu de cesse de réclamer l’éradication.
Le groupe armée M23 s’est emparé en janvier de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, puis de Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, en février. Le Rwanda, qui le soutient, n’a jamais explicitement reconnu sa présence sur le sol congolais.
Kinshasa a appelé mardi « le monde » à briser « le silence », dénonçant « des crimes massifs et systématiques » commis « par le Rwanda et ses supplétifs ». « On n’ose pas prononcer le mot génocide », avait regretté le ministre congolais des droits de l’Homme, Samuel Mbemba, à Genève.
Une position qualifiée de « stupide » par Olivier Nduhungirehe, le ministre rwandais des Affaires étrangères. « Un génocide contre qui ? Des ethnies non tutsi ? Toutes ? Qu’on chercherait à détruire en tant que telles ? Vous comprenez à quel point cette proposition est stupide », a-t-il réagi auprès de l’AFP.
L’ambassadrice du Rwanda auprès de l’ONU à Genève Urujeni Bakuramutsa a également décrié les accusations de génocide, les qualifiant de « ligne rouge ».
Une enquête de l’ONU a fait état la semaine dernière de possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité « commis par toutes les parties », le M23 soutenu par le Rwanda et l’armée congolaise ou affiliés.
« Les derniers en date remontent à juillet, où près de 300 compatriotes ont été sauvagement massacrés dans le Rutshuru », avait relevé M. Mbemba. Il a également cité l’ONG Human Rights Watch qui a accusé le M23 d’avoir exécuté sommairement plus de 140 civils en juillet, majoritairement hutu.
Les affrontements depuis janvier ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, selon l’ONU.
Avec AFP
