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Rwanda – Ouganda : la tension monte après un incident à la frontière ; les faits

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Kampala a accusé l’armée rwandaise d’avoir tué deux personnes près d’un poste frontière lors d’une incursion que les autorités qualifient de violation territoriale. Kigali conteste cette version de l’incident. Après plusieurs mois de crise, l’incident marque un nouveau regain de tension entre les deux pays.

Hasard du calendrier, le président rwandais Paul Kagame et son homologue ougandais Yoweri Museveni, en froid depuis plusieurs mois, se retrouvaient samedi côte-à-côte dans les tribunes du stade de Pretoria où Cyril Ramaphosa organisait sa cérémonie d’investiture. Au même moment la crise diplomatique que traversent leurs deux pays prenait un nouveau tournant suite à un incident près d’un poste frontière.

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Version divergentes

Samedi, le ministère des Affaires étrangères ougandais a accusé l’armée rwandaise d’avoir violé l’intégrité de son territoire. Selon la version des faits relatée dans un communiqué de la police ougandaise diffusé samedi, l’incident s’est produit vendredi soir dans le village de Kiruhura, situé près d’un poste-frontière dans le sud-ouest de l’Ouganda. Un commerçant rwandais aurait tenté de traverser la frontière en direction du Rwanda à bord d’une moto chargée de marchandises et aurait fait demi-tour à la vue des soldats rwandais.

Ces derniers auraient alors pourchassé le commerçant en pénétrant d’environ « 80 mètres » sur le territoire ougandais avant d’abattre le jeune homme d’une balle dans la tête, après que celui-ci a résisté à son arrestation, précise le communiqué.

Toujours selon la version ougandaise, l’armée rwandaise aurait également tué un citoyen ougandais, qui aurait tenté de s’interposer, avant de battre en retraite, laissant les deux corps côté ougandais. « Le gouvernement ougandais proteste dans les termes les plus forts contre cette violation de son intégrité territoriale par des soldats rwandais ainsi que contre cet acte criminel, brutal et violent », ajoute le ministère des Affaires étrangères.

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La version rwandaise de l’incident diffère. Selon la police, « l’incident s’est déroulé du côté rwandais », dans le district de Tabagwe. Une patrouille aurait alors intercepté un contrebandier présumé qui venait de traverser la frontière depuis l’Ouganda. Le contrôle aurait mal tourné. L’individu est, selon la police rwandaise, devenu « violent » et a été « rejoint par d’autres qui ont attaqué les agents avec des machettes tout en tentant de retourner en Ouganda ».

Les forces de sécurité ont alors tiré et tué deux personnes, dont un ougandais. « Lorsque le gang est repassé du côté ougandais de la frontière, aucune autre action n’a été entreprise par la patrouille », précise-t-il.

L’incident a par la suite été discuté par les officiels des deux districts frontaliers, précise le ministère des Affaires étrangères rwandais.

Tensions récurrentes

Après plusieurs mois de mise en garde et d’accusations mutuelles entre les deux gouvernements, la mort des deux personnes jette un nouveau froid sur les relations entre Kigali et Kampala. Les différends qui opposent les deux voisins sont nombreux.

Fin février, la fermeture temporaire pour cause de travaux d’un des postes frontières entre les deux pays – celui de Gatuna dans le nord-ouest du Rwanda- a contribué a détériorer les relations entre les deux pays, l’Ouganda accusant son voisin de vouloir imposer un embargo commercial. Selon Kampala, 44 ressortissants rwandais ont été interceptés à la frontière et renvoyés au Rwanda.

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Kigali a soulevé de son côté plusieurs problèmes dont des cas d’arrestations et de torture de ses ressortissants en Ouganda. Les autorités rwandaises accusent aussi certains officiels ougandais d’entretenir des liens – et de fournir un soutien – avec des groupes rebelles rwandais, dont le Rwanda National Congress (RNC) de l’ancien général Kayumba Nyamwasa.

Jeudi 23 mai, lors de sa première audition devant la justice rwandaise Callixte Nsabamina, disident du RNC et depuis porte-parole des FNL, branche armée du MRCD de Paul Rusesabagina, a lui-même évoqué des contacts avec les renseignements ougandais.

Avec Jeune Afrique