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Tombé amoureux d’une fidèle de sa paroisse, un Prêtre va porter plainte contre l’Eglise

Tombé amoureux d’une fidèle de sa paroisse, un Prêtre va porter plainte contre l’Eglise catholique

Copyright : Le Monde

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Depuis la révélation de son histoire dans les médias, en début d’année, l’ancien prêtre des Lilas, en Seine-Saint-Denis, Marc Fassier, 43 ans se bat pour attirer l’attention sur le statut des prêtres ; quitte à traduire l’Eglise catholique en justice.

Le prêtre amoureux

Il y a deux ans et demi, l’homme de Dieu est tombé amoureux de sa paroissienne Ingrid, mère de 5 enfants. C’est d’ailleurs lors du baptême de la dernière fille d’Ingrid qu’ils se rencontrent, en 2017. “Au début, on a vécu une relation assez amicale. A partir de la fin 2018 ça a été plus sérieux. Et aujourd’hui, on désire vivre ensemble” explique Marc Fassier.

Ingrid dit avoir été rapidement impressionnée par le prêtre : “Il était très ouvert, il était dans la vie, dans le monde, pas coincé. J’étais paroissienne, j’assistais aux messes pratiquement chaque dimanche. Il détonnait par rapport aux autres prêtres que je côtoyais. Je me disais… mais qu’est ce qu’il fout là?!

C’est Ingrid qui l’embrasse la première et ils réalisent rapidement qu’ils n’ont pas envie de se cacher. “Je ne voulais pas faire subir à Ingrid le fait de rester dans la clandestinité” précise cet homme de 42 ans, qui a intégré le séminaire juste après ses études à Sciences Po. “Je voyais bien que j’étais heureux dans mon ministère. Mais j’aspirais à un peu plus … et je me sentais un peu étouffé dans une institution que je trouvais de plus en plus fermée au monde”. 

D’un seul coup, on me supprimait, on m’effaçait

En 2020, Marc Fassier rencontre son évêque, Monseigneur Delannoy. Il lui explique qu’il veut prendre du recul et quitte sa paroisse des Lilas, mais conserve son travail d’enseignant à l’Institut Catholique de Paris où il enseigne la théologie et l’éthique publique.

Avec Ingrid, il témoigne aussi, anonymement, de son histoire dans un podcast. L’évêque l’apprend. Nouveau rendez-vous en mai 2021. Marc Fassier est suspendu de toutes ses fonctions, “frappé de suspense a divinis”, comme l’indique le document qui lui est transmis. Il perd également son travail de professeur à l’ICP.

Ç’a a été assez violent. D’un seul coup, on me supprimait, on m’effaçait. 20 ans dans l’Eglise et pas un merci.

“Bien sûr, quand on devient prêtre, on se dit que c’est pour la vie. Mais qui peut dire ce qu’il va se passer? En cas de réorientation, tout est fait pour culpabiliser les personnes ? On est plus dans la culpabilisation que dans l’accompagnement”.

A la sortie de ce rendez-vous, Marc Fassier réalise également qu’il n’a rien. Ni allocation chômage. Ni droits à la formation pour préparer sa réorientation. “J’étais venu aussi pour aborder la question du financement d’un coaching de reconversion, d’une validation des acquis et de l’expérience…et je suis reparti bredouille. J’estimais que la transition pouvait se faire autrement que de cette manière qui sonne comme une sorte de licenciement abusif. On est non seulement lâchés dans la nature mais déclarés comme fautifs”. 

Le diocèse “déçu” de voir partir “un homme brillant”

Le diocèse s’est engagé tout de même à lui verser son traitement : 1000 euros par mois jusqu’à ce qu’il trouve un emploi. Le départ de Marc Fassier, décrit comme “brillant”, est perçu “comme une forme de déception” mais les services de l’évêque précisent “que c’est un choix personnel qui est respecté et qu’il n’y a aucune volonté du diocèse de se battre contre quiconque ou de faire obstacle à quoi que ce soit”.

Marc Fassier touche également toujours près de 800 euros par mois de l’Institut Catholique de Paris, qui ne souhaite de son côté faire aucun commentaire sur la fin brutale des cours de l’ancien prêtre. “Rien n’est encadré”, déplore Marc Fassier. “Je dépends de la grâce de l’Eglise”. Aujourd’hui, il envisage une action en justice pour alerter sur le statut des prêtres. “C’est, il est vrai, une vocation, mais cette fonction a toutes les caractéristiques d’un métier. Elle doit être encadrée comme un métier”.