Depuis l’apparition des premiers cas confirmés de Coronavirus (Covid-19) en Chine, à sa propagation dans le monde, le masque a été rapidement brandi comme une barrière. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les masques pourraient constituer une barrière contre la propagation de la Covid-19.
Mais, plusieurs rumeurs et fausses informations circulent sur ces masques, affirmant sa dangerosité. Voici six d’entre elles à connaître et à bannir.
- Le masque diminue l’apport en oxygène : FAUX
«C’est un fantasme», confirme Yves Coppieters, médecin épidémiologiste et professeur de santé publique à l’Université Libre de Bruxelles (ULB).

«Le masque peut éventuellement diminuer légèrement l’apport en oxygène et gêner la respiration d’une personne avec des problèmes cardiaques ou respiratoires ou en cas de grand effort physique comme un jogging», explique-t-il. «Il peut aussi y avoir une sensation d’inconfort qui provoque une impression d’étouffer, mais c’est psychologique. Dans le cas d’une personne en bonne santé, il n’empêche pas du tout d’effectuer des activités quotidiennes normalement.»
De nombreuses vidéos de professionnels de la santé circulent d’ailleurs sur les réseaux sociaux pour contredire cette affirmation erronée avec l’appui des appareils de mesure.
2. Le masque augmente l’inhalation de toxines : FAUX
«On n’exhale pas de toxines», corrige Jean-Luc Gala, chef de clinique à la clinique universitaire Saint Luc à Bruxelles et spécialiste des maladies infectieuses, «on exhale du dioxyde de carbone».
«Le masque filtre le virus, mais pas les molécules. Un virus est beaucoup plus gros qu’une molécule d’oxygène ou de dioxyde de carbone».
De plus, une petite accumulation de CO2 ne provoquerait pas de problèmes de santé, d’après le professeur Vinita Dubey, médecin hygiéniste à l’agence de santé publique de Toronto au Canada.
3. Le masque détériore le système immunitaire : FAUX
Les masques n’ont aucun impact sur le système immunitaire : «Les personnels de santé passent huit heures par jour avec un masque et ils ne développent pas d’infection secondaire ou de problèmes de santé», rappelle Yves Coppieters.
Le manque d’oxygène libère effectivement du cortisol, qui affaiblit le système immunitaire. Mais comme il n’y a pas de diminution d’apport en oxygène, cela ne s’applique pas dans le cadre du port du masque.
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4. Le masque augmente le risque d’activation de rétrovirus : FAUX
Des virus dormants dans l’organisme pourraient-ils «se réveiller» avec le port du masque ?
«C’est complètement faux», répond Jean-Luc Gala. «Par exemple, on sait que certaines leucémies sont déclenchées par des rétrovirus. Or on n’a jamais vu des gens faire flamber la maladie après une greffe alors que les patients portent des masques après une opération. Ça n’a jamais été un facteur d’aggravation.»
5. La taille du masque par rapport au nouveau coronavirus équivaut à celle «d’une moustiquaire » : FAUX
Par rapport à la taille du virus SARS-CoV-2, entre 80 et 140 nanomètres, le tissage du masque équivaudrait «à celui d’une moustiquaire». C’est faux, explique Yves Coppieters : «Les masques chirurgicaux ont une capacité de filtration des micro-organismes de 90%, y compris pour le Covid-19. Pour les masques FFP2 utilisés en soins intensifs, cette capacité monte à 98%, 99%. Pour les masques en tissu, elle est plus basse, mais on l’estime tout de même à entre 50% et 70%».
De plus, le masque protège aussi les autres de la projection de gouttelettes contaminées, bien plus grandes que le virus.
Yves Coppieters rappelle toutefois que pour être efficace contre les infections respiratoires, un masque doit être bien utilisé : «Un masque doit être propre, il faut bien l’ajuster sur le visage, le descendre au niveau du menton. Une fois qu’il est installé, il faut surtout ne plus le toucher avec vos mains potentiellement infectées. On se lave les mains avant de le mettre et après.»
6. L’efficacité du masque n’est pas étudiée : INFONDÉ
«C’est comme si vous reprochiez qu’on n’étudie pas l’efficacité du parachute dans un environnement social, relativise Jean-Luc Gala. On est certains que le parachute va vous aider à atterrir indemne, donc on ne va pas faire sauter une personne avec un parachute et une sans pour comparer l’efficacité ! On est dans le cas de figure d’un dispositif dont on sait de manière empirique qu’il protège. On l’a vu avec toutes les expériences de maladies africaines et avec l’évolution épidémiologique dans les pays asiatiques. On l’a vu aussi ici en Europe, où certains pays qui ont adopté le masque ont pu contrôler plus efficacement la progression de la pandémie».
On est dans le cas de figure d’un dispositif dont on sait de manière empirique qu’il protège.
Par ailleurs, aux États-Unis, les Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC) ont publié mardi 14 juillet 2020 une étude après que deux employés d’un salon de coiffure du Missouri ont été testés positifs au coronavirus. Ils avaient continué pendant plusieurs jours à travailler en portant un masque et avaient été en contact avec 139 clients. 67 de ces clients ont été testés négatifs au Covid-19, les autres n’ont développé aucun symptôme. L’étude conclut donc à l’efficacité du port du masque dans le freinage de la transmission du virus.
Avec l’avenir.net