Deux (2) frères, tous de nationalité togolaise, accusés d’homicide volontaire, ont été condamnés à 15 ans de réclusion criminelle pour parricide.
L’environnement :
Le nommé Agbébada, un vieillard de 117 ans environ était un grand féticheur originaire d’Ahlon Klikor (Ghana) qui a résidé successivement à Adéticope, Lom Nava avant de s’établir définitivement à Lomé Adakpamé.
Il avait épousé plusieurs femmes et engendré une vingtaine d’enfants, mais dans les dernières années de sa vie, il n’avait aucune femme au foyer.
Il partageait donc son domicile avec trois (3) de ses fils Kokou, Komlan et Koudjo leurs femmes et enfants, son petit-fils Dodji et sa petite-fille Mama. Mais c’était Komlan et Koudjo qui lui faisaient la cuisine.
Le vieux Agbébada, un mystère !
Le vieux féticheur mélangeait à son fétichisme des pratiques hautement criminelles. En effet, une quinzaine d’années auparavant, il avait perdu sa fille Lawoè qu’il enterra discrètement à son domicile et envoya le cercueil vide qui fut enterré au cimetière d’Adakpamé.
Quelques années plus tard, il fit déterrer les ossements de cette dernière par son serviteur Amegan Yovo et son fils Adansosi, puis il utilisa ces ossements dans son fétichisme.
Plus tard, ce serviteur perdit la vie mystérieusement et son fils Adansosi devint fou.
Entre-temps, le vieux féticheur ayant vainement recherché une bosse humaine pour l’installation d’un nouveau fétiche envoya quatre (4) personnes dont son fils Kokou qui maîtrisèrent et ramenèrent son fils Adansosi à son domicile où il le sacrifia à ce nouveau fétiche.
Dans ces dernières années, le féticheur était devenu dangereux pour ses propres enfants qu’il ne cessait d’accuser de l’offenser.
Ainsi, ces derniers estimaient qu’il ne faisait plus rien de bien et que le moment de sa succession était arrivé.
Une lutte a éclaté pour cette succession qui a divisé malheureusement les enfants alors qu’il avait choisi son fils Kodjo pour assurer l’héritage.
Le vieux féticheur était un peu fortuné, mais sa longévité légendaire était devenue un obstacle majeur à ses enfants qui avaient hâte de prendre possession de leur héritage.
Les faits …
C’est ainsi que le 9 janvier 2006 aux environs de 7h30, Mama, la petite-fille du féticheur voulant puiser de l’eau au puits constata que la porte d’accès au compartiment de son grand-père était encore fermée de l’intérieur.
Dodji, son grand-frère regardant par les trous de la porte en tôle du garage constata que son grand-père y était dans sa chaise pliante couverte de mouches, un bras tombant et le visage noir.
En ce moment, Komlan et Koudjo étaient absents.
Informés, les oncles arrivèrent aussitôt et défoncèrent alors la porte et entrèrent au compartiment des fétiches puis constatèrent le visage et la tête de leur frère étaient fracassés.
Sa chambre et son armoire étaient fouillés et vidés de tous les documents et somme d’argent.
Komlan et Koudjo revenus plus tard à la maison, déclarèrent qu’ils étaient allés faire leur job au port où ils ont passé toute la nuit.
Cependant, ils restèrent indifférents à l’annonce de la mort de leur père, ce qui les rendait suspects.
Le crime fut donc déclaré à la gendarmerie qui alla faire le constat d’usage.
A la gendarmerie
Dans un premier temps, Kodjo nia toute implication dans l’assassinat de son père mais deux (2) jours plus tard, il passa aux aveux en déclarant que dans la journée du 8 janvier 2006, ses frères Komlan et Mississo lui avaient donné le produit appelé D10 à mettre dans le repas de leur père avec promesse de lui donner des dossiers de terrains de ce dernier.
Il s’exécuta et après avoir mangé le repas du soir, leur père tomba dans un profond sommeil puis Komlan l’assomma au moyen de gourdins.
Komlan et Mississo s’introduisirent alors dans la chambre de leur père et s’emparèrent des dossiers de terrains et lui en donnèrent quelques-uns.
Appelé à son tour, Komlan confirma la participation aux faits et son acolyte était Koudjo. Et s’agissant du motif de leur crime, il précisa que leur père était doué de pouvoir mystique qui lui permettait de transférer aux membres de sa famille, sa propre mort à chaque fois qu’il la sentait venir.
Ayant eu des problèmes avec leur père, celui-ci les menaçait de mort lui et son petit frère Koudjo. Il en a alors parlé à son grand frère Mississo qui avait planifié le crime.
Audience
Ainsi à l’audience du 9 mars 2016, à a Cour d’Assises de Lomé, les trois fils accusés d’homicide volontaire furent condamnés à 15 ans de réclusion criminelle.
FIN.