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Affaire Polanski : quand le procureur de Los Angeles ordonne la publication d’un témoignage

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L’actuel procureur du comté de Los Angeles, George Gascón, a ordonné mercredi dernier la levée de la confidentialité qui pesait jusqu’à présent sur le témoignage à huis clos de son prédécesseur, Roger Gunson, dans l’affaire Roman Polanski, accusé en 1977 d’avoir drogué et violé dans une villa à Hollywood la très jeune Samantha Gailey, 13 ans à l’époque, après une séance photo pour un magazine de mode. Gunson a pris sa retraite en 2002. Le descellement de ce témoignage, deux journalistes, William Rempel et Sam Wasson, le demandent depuis 2010 sans succès.

L’avocat de Roman Polanski aux Etats-Unis, Harland Braun, avait formulé une même demande, rejetée en 2017. Selon un communiqué de George Gascon, «ce dossier est décrit dans les tribunaux comme l’une des sagas les plus longues de l’histoire judiciaire de la Californie. Pendant des années, nos services se sont opposés à la publication d’informations que la victime et le public ont le droit de connaître».

La défense du cinéaste entend démontrer que le juge de l’époque, Laurence Rittenband, a commis des fautes en ne respectant par les termes d’un accord conclu avec lui dans ce dossier. Rappelons qu’à l’époque, pour éviter un procès public à la victime, le procureur avait abandonné les accusations les plus graves – les six chefs d’accusation d’abord retenus sont ceux de viol sur mineur, sodomie, fourniture d’une substance prohibée à une mineure, actes licencieux et débauche, relations sexuelles illicites et perversion – s’il plaide coupable de «détournement de mineure».

Le cinéaste, condamné à trois mois de réclusion, est libéré au bout de seulement quarante-deux jours à la prison de Chino (Californie) pour bonne conduite. Mais le juge change d’avis et au lieu d’homologuer l’accord conclu, il informe Roman Polanski qu’il doit retourner en prison pour une durée indéterminée. C’est alors que le cinéaste décide de ne pas se présenter à l’audience et de prendre la fuite, s’envolant pour Paris le 31 janvier 1978, tombant alors sous le coup d’un mandat d’arrêt international.

Le procureur Georges Gascón, un républicain devenu démocrate, et qui a notamment dans sa carrière été chef adjoint de la police de Los Angeles, a indiqué que sa décision avait été influencée par une lettre envoyée en juin par Samantha Geimer, la victime, qui réclame depuis des années un non-lieu et qui a demandé à son tour que la transcription soit descellée et que le bureau «jette un nouveau regard» sur l’affaire. Personne ne sait pour l’heure si la divulgation de ce témoignage apportera véritablement un élément décisif sur ce qui s’est judiciairement joué dans la période 1977-1978. Pour le procureur, Polanski reste «un fugitif» de longue date qu’il invite «à se rendre à la justice pour être condamné par le tribunal supérieur du comté de Los Angeles». Polanski, qui aura 89 ans en août, vient de tourner à Gstaadt, en Suisse, un nouveau long-métrage avec Mickey Rourke, John Cleese, et Fanny Ardant – une coproduction italienne et polonaise de 13 millions d’euros.

Avec Libération