L’affaire de l’opposante béninoise Reckya Madougou, déposée à la prison civile de Missérété après son inculpation par la CRIET pour financement de terrorisme, ne laisse pas indifférent l’activiste franco-béninois Kemi Seba.
Dans une intervention sur sa page Facebook, le leader du mouvement urgence panafricaniste condamne « la criminalisation politique de toutes celles et ceux qui critiquent le pouvoir le pouvoir en place ».
Ci-dessous l’intégralité de son message
LE BENIN N’EST LA PROPRIETE PRIVEE DE PERSONNE
Kemi Seba :”Ces dernières années ont vu apparaitre une série de répressions émanant du régime actuel béninois et visant systématiquement l’opposition. Certains, dans le meilleur des cas, ont pu s’exiler pour échapper aux geôles béninoises, d’autres n’ont pas eu le temps d’avoir cette chance.
La dernière personne détenue en date, se trouve être une certaine Reckya Madougou. Celle-ci considère le Benin actuel comme une dictature, pendant que de l’autre côté, la majorité présidentielle la qualifie d’élément déstabilisateur de la nation.
Il est important, avant d’aller plus loin, de préciser notre pensée au sujet de cette politicienne. Madame Madougou est, ou fut jusqu’à peu, la conseillère de Faure Gnassingbe, l’un des plus grands pions de la Françafrique, l’un des pires dictateurs meurtriers de l’Afrique de l’Ouest. Dame Reckya n’a jamais vu de mal dans le sang versé par le peuple africain du Togo, qui se fait depuis si longtemps persécuter sur demande de son ami, fort face aux faibles, mais Faure le soumis face à la France. Cette Reckya nous rend, dès lors, très mal à l’aise lorsqu’elle se présente en garante de la démocratie une fois de retour au Bénin. De plus, ses multiples visites de courtoisie aux chancelleries occidentales n’augurent, à nos yeux, strictement rien de bon pour notre pays. Et ce constat peut être posé aussi pour Yayi Boni et d’autres cadres du parti Les Démocrates qui semblent être encore trop attachés au fait de plaire à l’Occident.
Mais une fois ce constat posé, L’ETHIQUE et la soif de JUSTICE nous poussent à ne jamais accepter qu’une personne soit empêchée de concourir à une élection sous prétexte qu’elle ne plait pas au président.
Le Bénin n’est pas une propriété privée du président ou de quelconques politiciens, dans laquelle, dès lors qu’une voix dissonante émerge, elle se fait embastiller, diaboliser ou est poussée à l’exil. Cette situation ne peut plus durer.
Nous pouvons nous opposer idéologiquement avec virulence à Madame Madougou compte tenu de ses choix, mais nous n’acceptons PAS et n’accepterons jamais la criminalisation politique de toutes celles et ceux qui critiquent le pouvoir en place.
La démocratie, c’est le POUVOIR AU PEUPLE, au peuple uniquement. Ce n’est pas la répression et la constante intimidation.
Dire cela ne fera pas de nous des gens de CETTE OPPOSITION, car notre combat est idéologique et politique, pas un combat pour pouvoir jouir des caisses de l’Etat.
Il y a une grande partie de Béninois qui ne se reconnaissent NI DANS LA MAJORITE, NI DANS L’OPPOSITION. Il y a une grande partie de Béninois qui estime que la vie politique de notre pays est capturée par une oligarchie scindée en deux, l’un des camps étant dirigé par le président Talon, l’homme le plus riche du pays, et de l’autre, le clan des Yayi-Boni-Soglo et compagnie.
Il y a une majorité silencieuse de Béninois qui ne veut plus de ces querelles et de ces rancoeurs entre personnes, mais qui veut simplement l’autodétermination de notre nation. Il y a une majorité qui veut revoir le Bénin montrer sa vitalité et sa détermination.
Ne pensez pas que parce que cette majorité du peuple ne dit rien pour l’instant, cela signifie qu’elle se taira éternellement.
Respectez le peuple, écoutez-le. C’est la seule voie du salut.”