Afrique : dans ce pays, le français perd pied au profit de…

français algérie

Crédits photo : immigrantquebec

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L’Algérie, pays d’Afrique du Nord, semble tourner la page du français comme langue d’apprentissage systématique à l’université.  En effet, depuis septembre 2025, les facultés de médecine, de chirurgie dentaire et de pharmacie accueillent leurs nouveaux étudiants en anglais. Et le ministère de l’Enseignement supérieur a tranché. Le français disparaît progressivement des amphithéâtres.

Cette évolution ne date pas d’hier. En 1962, après l’indépendance, les autorités algériennes ont lancé une politique d’arabisation du système éducatif. Une réaction au legs colonial français. L’arabe classique a remplacé peu à peu la langue de Molière dans les écoles, les administrations, les tribunaux.

À l’été 2022, le président Abdelmadjid Tebboune a accéléré le mouvement. L’anglais entre désormais au programme dès la troisième année du primaire, et non au collège comme auparavant. Bref, une génération entière apprendra Shakespeare avant Voltaire.

Les heures consacrées au français ont fondu. De quinze heures hebdomadaires au primaire, on est passé à onze. Le secondaire a subi le même sort.

Les établissements privés n’ont pas été épargnés. Le gouvernement leur a interdit de dispenser le programme scolaire français. Menaces de sanctions à l’appui. Certains directeurs d’école ont hésité, puis obtempéré. Ils n’avaient guère le choix.

Le recul dépasse les salles de classe. Air Algérie a abandonné le français sur ses billets en avril dernier. La compagnie n’édite plus qu’en arabe et en anglais. Algérie Télécom a suivi en août, au nom de la « modernisation de ses prestations de service ». Factures, reçus de paiement, tout passe désormais par ces deux langues.

L’Institut français d’Algérie en paie le prix. Cette année, il n’a pas obtenu d’accréditation pour tenir un stand au Salon international du livre d’Alger, prévu fin octobre. Les inscriptions à ses cours de langue ont chuté. De 18 000 élèves en 2022, l’institution est tombée à 16 000 en 2024, rapporte Le Monde dans son édition du 29 septembre.

Enfin, cette transition linguistique s’explique aussi par des considérations économiques. L’anglais ouvre davantage de portes dans le commerce international. Les échanges avec l’Asie, le Moyen-Orient et les États-Unis se font rarement en français. Les entreprises algériennes l’ont compris.

Les tensions diplomatiques entre Alger et Paris ont accéléré cette rupture. Les relations bilatérales se sont tendues ces dernières années, notamment sur les questions mémorielles liées à la colonisation. Le choix de l’anglais traduit une volonté d’émancipation politique autant que culturelle.

Dans les rues d’Alger, les avis divergent. Certains regrettent l’abandon d’une langue qu’ils maîtrisent depuis l’enfance. D’autres y voient une ouverture vers le monde. Les jeunes, eux, semblent s’adapter sans trop de difficultés. Ils consomment déjà massivement des contenus anglophones sur internet.

Le français conserve néanmoins une présence dans le quotidien algérien. Dans les médias, les conversations de rue, une partie de la production culturelle. Mais son statut a changé. D’ancien idiome quasi officiel, il devient une langue étrangère parmi d’autres.

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