Afrique : il est condamné à mort après avoir critiqué son président sur Facebook

Tunisie

Crédits photo : Alter Justice

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Le tribunal de Nabeul en Tunisie vient de prononcer une lourde sentence : une condamnation à mort. Saber Chouchane, ouvrier journalier de 56 ans, écope de la peine capitale.

Son crime ? Des messages publiés sur Facebook contre Kaïs Saïed. La justice tunisienne n’avait jamais franchi ce seuil.

L’homme arrêté en janvier 2024 n’a rien d’un militant politique. Bref, c’est un père de famille du Cap Bon, avec une scolarité limitée, qui tapait des textes rageurs sur son téléphone.

Ses propos visaient le chef de l’État et auraient menacé la sûreté nationale, selon l’accusation. Le verdict est tombé mercredi 1ᵉʳ octobre 2025 au tribunal de première instance.

« Le juge du tribunal de Nabeul a condamné cet homme à la peine de mort en raison de ses publications sur Facebook. C’est une décision choquante et sans précédent », a déclaré Oussama Bouthalja, l’avocat du prévenu. Un appel a été immédiatement déposé. Le ministère de la Justice n’a pas réagi.

Une famille accablée en Tunisie

Djamal Chouchane, frère du condamné, peine à réaliser. « Nous n’arrivons pas à y croire », confie-t-il au téléphone.

La famille survit difficilement, entre petits emplois et précarité. Maintenant, l’angoisse juridique s’ajoute aux fins de mois impossibles. « Nous sommes une famille qui souffre de la pauvreté, et maintenant l’oppression et l’injustice s’ajoutent à la pauvreté. »

Sur les réseaux sociaux, la réaction fuse. Certains dénoncent une manœuvre d’intimidation, d’autres y voient un précédent dangereux pour la liberté d’expression. Le pays n’a exécuté personne depuis plus de trente ans. La peine existe toujours dans le code pénal, mais reste théorique. Jusqu’à ce jeudi 2 octobre 2025.

Le contexte politique explique cette radicalisation judiciaire. Kaïs Saïed a bouleversé le système institutionnel en juillet 2021, dissolvant le Parlement et concentrant tous les pouvoirs entre ses mains.

Depuis, les arrestations de figures d’opposition se multiplient. L’indépendance des tribunaux se fragilise, selon les associations de défense des droits humains.

Enfin, la Ligue tunisienne des droits de l’homme, par la voix de son président, exprime sa stupéfaction. Le dossier Chouchane cristallise les tensions politiques actuelles en Tunisie. Le verdict risque de glacer davantage les critiques du régime, alors que le débat public se referme progressivement depuis quatre ans.

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