Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

>

Agriculture : les États africains appelés à s’engager encore plus

Facebook
Twitter
WhatsApp

L’AGRA, soit l’Alliance pour une révolution verte en Afrique, a publié le 5 septembre un rapport alarmant sur l’état de l’agriculture sur le continent.

Image d’illustration

Réunis en sommet cette semaine à Kigali, au Rwanda, les experts de l’AGRA avaient un seul message : « L’utilisation réussie de l’agriculture pour stimuler la croissance économique, comme l’ont fait de nombreux pays d’Asie, montre que le soutien politique est plus important que les semences, la météo et le sol », ont-ils déclaré.

Mais après plus de dix ans de travail sur le terrain, son constat est amer.

Alors que le continent possède 65 % des terres arables non cultivées du monde, et que plus de 61 % de la population africaine est employé dans le secteur, contribuant ainsi de l’ordre de 25 % au produit intérieur brut total (PIB), la productivité de l’agriculture reste trop lente par rapport à la croissance démographique.

Rappelons que le continent importe 35 milliards de dollars de denrées alimentaires chaque année.

Une autre faiblesse que pointe l’Alliance dans ce rapport est la libération des années 1980. Elle n’aurait pas donné de résultats probants.

Selon les auteurs, la libération telle que pensée dans les années 80 après les indépendances serait inadaptée aux spécificités de l’agriculture africaine.

Bien que l’agriculture soit l’épine dorsale économique de la plupart des pays africains, l’insécurité alimentaire demeure un problème important.

L’insécurité alimentaire existe lorsque les personnes n’ont pas un accès physique ou économique durable à des aliments sains et nutritifs en quantité suffisante pour mener une vie saine et productive.

Selon la Banque africaine de développement, le potentiel agricole inexploité a contribué à la pauvreté persistante et à la détérioration de la sécurité alimentaire, ce qui devrait entraîner une augmentation du nombre de personnes sous-alimentées de 240 millions en 2015 à 320 millions d’ici à 2025.

D’énormes progrès ont été enregistrés partout en Afrique. Une première révolution a déjà permis de relier des millions de petites exploitations à des entreprises agroalimentaires, créant des chaînes d’approvisionnement alimentaires étendues, des emplois et des opportunités économiques pour de larges segments de la population.

Mais selon l’AGRA, il semble crucial pour l’Afrique que la transformation agricole passe à la vitesse supérieure. Surtout que les pays sont contraints par l’engagement de Maputo de consacrer 10 % des budgets nationaux à l’agriculture.

C’est le Programme détaillé pour le Développement agricole de l’Afrique (PDDAA), mis en place lors du sommet de l’UA en 2003 à Maputo autour de trois axes : la sécurité alimentaire et nutritionnelle, la création d’emplois et la croissance socio-économique durable.

Afin d’atteindre l’objectif de 6 % de croissance du PIB agricole, le PDDAA préconisait une allocation de 10 % des dépenses publiques dans le secteur agricole.

Pour la présidente de l’AGRA, Agnes Kalibata, « le succès de l’agriculture dans les pays africains exige une énergie politique, des réformes politiques ciblées et un environnement favorable à l’agribusiness et nécessite donc l’appui du secteur privé ».

D’ailleurs, ce rapport est conçu selon les auteurs comme un véritable guide au service des dirigeants :

« Les pays africains doivent encore comprendre ce qui doit être fait pour déclencher la transformation, mais ils sont encore trop souvent confrontés à de nombreuses contraintes qui limitent leur capacité », écrit-elle en préambule. Les ministres des Finances et de l’Agriculture n’ont pas les mêmes visions, et les plans nationaux sont souvent isolés des décisions prises dans les instances régionales.

À travers huit chapitres écrits par des experts dans leurs domaines respectifs, le rapport détaille comment renforcer les capacités des gouvernements pour mettre en œuvre des projets agricoles.

Des réussites africaines existent telles que l’Éthiopie et, dans une moindre mesure, le Rwanda et le Ghana.

Au début de l’année, l’Union africaine a déclaré que le Rwanda était la nation la plus performante du continent en termes de transformation agricole.

Le succès du Rwanda repose en partie sur l’augmentation du nombre de coopératives enregistrées, qui sont passées d’environ 2 500 en 2010 à plus de 8 000 en 2018, selon l’Agence rwandaise des coopératives, un organisme public. « Une telle transformation nécessite des engagements politiques et financiers ainsi que des politiques plus importantes de la part des secteurs public et privé. »

Beaucoup de leaders nationaux africains ont exprimé leur intention d’accélérer la croissance agricole avec tous ses avantages. Mais avant il faudra mobiliser des fonds. C’est l’un des enseignements de ce nouveau rapport, l’agriculture africaine a besoin davantage d’investissements.

L’an dernier, 280 millions de dollars avaient été mis sur la table par les bailleurs de fonds, principalement pour soutenir une transformation agricole inclusive dans au moins 11 pays d’Afrique.

« L’injection de ressources financières dans la transformation de la chaîne de valeur agroalimentaire peut relancer une nouvelle phase d’industrialisation pour l’agriculture africaine », insistent les experts de l’AGRA.

Lancée en 2006 par les fondations Rockefeller et Bill & Melinda Gates, l’objectif de l’AGRA est d’aider les petits agriculteurs à accroître la productivité de leur exploitation et leurs revenus. L’organisation est aussi très proche de l’Union africaine.

En Afrique, l’AGRA travaille avec le NEPAD (Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique) créé en 2001 et qui a placé le développement de l’agriculture et la sécurité alimentaire au cœur de son action.

Avec Le Point