C’était chaud et tendu sur le plateau de l’émission “Les grandes gueules” de la chaîne guinéenne, Espace TV Guinée, qui a reçu, celle qui est bien souvent surnommée la Diva de la musique ivoirienne, Aïcha Koné ce mardi 21 décembre 2021.
Pour cause, un débat plus ou moins houleux s’est déclenché entre l’artiste et l’un des journalistes présent sur le plateau au moment où il s’agissait de parler des actions de développement posées par le président Alassane Ouattara depuis son accession au pouvoir en 2011.
Pour Aïcha Koné, ce qui importe surtout dans le contexte actuel, c’est une réconciliation nationale vraie. Et elle n’a pas manqué de le faire savoir, elle ne voit pas les choses venir. Les paroles sont présentes mais les actions ne suivent pas. Extrait de cet échange qui a fait éclater de rire toute la salle.
« Je ne peux m’amuser à dire que c’est fini. Le point clé, c’est le troisième mandat. Ça c‘est le point 1. Et le point 2, c’est la réconciliation, nous les artistes, nous essayons d’apporter notre part à travers des chansons, des messages.
Mais, est-ce-que les politiciens eux-mêmes sont sincères concernant cette réconciliation ? Parce que notre discordance arrange certains. Et je reste perplexe. Il faut permettre aux exilés de rentrer. Je ne sens pas vraiment cette réconciliation.
Je suis retournée parce que j’ai eu une ouverture. La Première Dame m’a invité, et je suis venue. (…) Nous essayons de tout faire pour que cette réconciliation soit vraie. Si Gbagbo avait été libéré depuis longtemps, mais qu’est-ce-qui se passait pour qu’il ne revienne pas ? Il y a eu ce problème de passeport mais bon. La paix ce n’est pas ce qu’on dit, c’est dans le comportement.
C’est ce que nous ne voyons pas venir. Il y a toujours euh … Ce n’est pas ça. Les gouvernants devraient poser des actes qui nous prouvent euh .. Par exemple, libérer les prisonniers politiques comme le président Gbagbo l’avait demandé au président Ouattara : “c’était moi la tête de file. Si j’ai été acquittée, il n’y a pas de raison que mes généraux soient encore en prison”. Ça, on a encore rien vu.
Ce qu’on attend, c’est la libération des prisonniers », a-t-elle déclaré. Et le journaliste de la relancer : « J’ai été à Abidjan récemment, j’ai vu que le pays a changé ». « Ça a changé comment ? Tu as vu quoi ? Tu étais de passage ? », a demandé Aïcha Koné. « Ça a changé sur le plan infrastructurel. J’ai vu le troisième pont, j’ai vu le quatrième qui est en construction. Il y a même le métro qui vient », a répondu le journaliste.
Et Aïcha Koné de répondre : « Djo, on ne mange pas pont. (Rires dans la salle). Il y a des maisons qu’on est en train de détruire, de casser, les gens ne savent pas où habiter. Moi, quand je veux dire que je veux fêter mes 45 ans pour dire merci, mais quand je vois une moitié de la population qui ne sait pas où loger, d’autres dorment dans des cimetières.
En tant qu’artiste panafricaine, je ne suis pas à l’aise. Il y a des spectacles que je veux faire, mais quand je regarde la situation chez moi, je ne suis pas à l’aise. Qu’on libère les prisonniers, il y a des parents qui attendent », a-t-elle conclu.