Le ministre des Transports du sénégal Yankoba Diémé a réceptionné le 21 octobre dernier en République tchèque un bimoteur L 410 NG de 19 places pour Air Sénégal.
Ainsi, la compagnie nationale poursuit ainsi l’expansion de sa flotte avec ce quatrième appareil, sur une commande totale de cinq unités passée auprès d’Aircraft Industries. Deux avions volent déjà depuis Dakar. Le dernier exemplaire arrivera dans quelques mois.
Cet engin turbopropulsé se révèle particulièrement adapté aux liaisons domestiques. Il peut atterrir sur des pistes courtes, parfois non revêtues, là où les gros-porteurs ne s’aventurent jamais. Les régions enclavées comme Tambacounda ou Kédougou devraient bénéficier de ces nouvelles rotations. Le gouvernement mise sur ces appareils pour améliorer la mobilité intérieure et renforcer la connectivité entre les provinces.
Cette acquisition survient alors que la compagnie nationale traverse une période de turbulences financières. Les pertes se sont établies à 89 milliards de francs CFA en 2022, puis 57 milliards en 2023 selon les chiffres rappelés par le Premier ministre Ousmane Sonko.
Enfin, le transporteur accumule également une dette globale estimée à plus de 100 milliards de francs CFA. Un audit gouvernemental commencé en avril dernier examine actuellement la santé financière et opérationnelle d’Air Sénégal.
Face à cette situation, les autorités ont lancé un vaste plan de redressement. Parmi les mesures annoncées figure la création d’Air Sénégal Express, une filiale dédiée exclusivement aux vols domestiques et régionaux vers les pays limitrophes. Le ministre Yankoba Diémé a déclaré que l’appareil « permettra d’améliorer la desserte des régions éloignées et de faciliter la mobilité à travers le territoire national et au-delà ». Cette nouvelle entité ouvrira son capital au secteur privé national, marquant un virage vers un modèle hybride public-privé.
La compagnie a parallèlement entrepris de supprimer ou réduire ses dessertes sur plusieurs lignes jugées non rentables. New York, Marseille, Lyon et Barcelone ont ainsi disparu du réseau. Le directeur général Tidiane Ndiaye, nommé en août 2024, concentre désormais les opérations sur le continent africain. Les vols vers la Côte d’Ivoire sont passés de 5 à 10 rotations hebdomadaires.
Le plan prévoit également la mise en place de contrats de performance pour améliorer la gouvernance. L’État sénégalais s’est engagé à apurer les dettes d’exploitation d’ici mi-2025 et à injecter 16 milliards de francs CFA dans les fonds propres de la compagnie. Bref, le gouvernement cherche à restaurer la crédibilité du transporteur auprès de ses partenaires et fournisseurs.
Selon le ministère, 35 agents sénégalais, dont 15 techniciens et 20 pilotes, bénéficieront d’un programme de formation de 45 jours sur ce type d’appareil. Cette montée en compétences du personnel local s’accompagne d’une harmonisation des salaires entre pilotes nationaux et expatriés. La flotte actuelle se limite à quatre avions pour 610 employés, un ratio que la direction juge déséquilibré par rapport aux standards internationaux.
L’arrivée de ces L 410 NG s’inscrit dans le programme Vision Sénégal 2050, qui ambitionne de faire du pays un hub aérien ouest-africain. Les investissements se concentrent sur la modernisation du secteur aérien, dans un contexte de concurrence accrue entre compagnies africaines. Royal Air Maroc, Ethiopian Airlines et Kenya Airways renforcent également leurs positions sur le continent. Le Sénégal devra trouver sa place dans ce paysage en mutation rapide.
