Du haut de ses trente-six (36) ans, ce Français, visionnaire et passionné du continent africain, a su fonder et contribué à développer en treize (13) ans, quatre (4) entreprises à fort impact social pour des populations, jusque-là, en marge du développement. D’Eticca Dakar, la première école de commerce franco-sénégalaise d’Afrique sub-saharienne, à Baobab + spécialisée dans des solutions d’accès à l’énergie solaire, à l’eau potable et au digital en zone rurale, en passant par les groupes de finance digitale, Microcred, et de maisons d’hôtes et hôtels (basés à Abidjan et à Port-Louis), Anakao, le serial entrepreneur a su jumeler idées innovantes et stratégies de business dans ses activités. Et les résultats ne se sont pas fait attendre. Des engagements qui ont milité en sa faveur pour être retenu pour la première promotion du programme Young Leaders de la fondation AfricaFrance.
Dans un entretien accordé à Lfrii l’Entreprenant au cours des Rencontres Africa 2017 tenues les 2 et 3 octobre derniers à Abidjan, le jeune patron est revenu sur les différentes activités de Microcred et de Baobab + et propose des pistes de solutions pour l’inclusion financière et le développement des populations en zones rurales.
Lfrii l’Entreprenant : M. Alexandre Coster, vous êtes à la tête de Baobab+, une entreprise à fort impact social sur le continent. Un engagement qui n’a, sans doute, pas laissé indifférent la fondation AfricaFrance quant à votre choix parmi les Young Leaders. Pourriez-vous nous présenter cette entreprise ?
Alexandre Coster : « Baobab+ est une entreprise sociale fondée en 2015 dont l’objectif est de proposer des produits innovants et de les rendre accessibles à tous afin de transformer la vie des gens.
Pour ce faire, nous travaillons sur trois business units différents. Le premier œuvre pour l’accès à l’énergie solaire, le second est dans l’accès au digital et enfin le troisième est celui de l’accès à l’eau potable.
Nous sommes actuellement présents dans quatre pays que sont le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Mali et Madagascar ».
Mais comment faites-vous pour rendre accessible l’installation solaire quand on sait que les coûts sont un frein au développement de ce produit en Afrique et que les populations rurales ne sont nanties ?
Nous travaillons sur le modèle de “Pay As You Go” afin de rendre accessibles les kits solaires permettant de s’éclairer, de recharger les téléphones, les tablettes ou même de faire fonctionner une télé dans les villages.
Les bénéficiaires payent par jour, à travers un système de mobile banking, un petit montant qui est l’équivalent de ce qu’ils dépensaient auparavant pour l’achat de la bougie ou du pétrole pour s’éclairer.
À chaque fois qu’ils payent pour réactiver le système, ils deviennent un peu plus propriétaire parce que, l’idée c’est qu’au bout d’un an ou deux au plus, en fonction du modèle du produit, ils deviennent pleinement propriétaire du système solaire qui leur est installé.
Dans vos partages d’expériences avec les jeunes entrepreneurs ivoiriens, vous avez fait cas de l’appui du groupe Microcred aux personnes vivant en zone rurale et qui ont eu accès à l’énergie solaire. Comment se passe-t-il ?
Après l’étape de l’installation, à ce niveau intervient notre groupe Microcred. Elle est une institution financière dont l’objectif est d’appuyer un maximum de micro entrepreneurs et de PME pour développer des activités génératrices de revenus et donc impacter positivement le développement économique et social des pays dans lesquels il opère. Il est présent dans une dizaine de pays en Afrique comme le Burkina, le Nigeria, le Zimbabwe, la RDC, la Tunisie, etc.
Nous savons qu’en zone rurale, les gens sont exclus du système bancaire et n’ont pas accès à des crédits, etc. Le remboursement de l’installation du système solaire apporte une expérience de financement à l’acquéreur en ce sens que son historique de paiement va pouvoir être utilisé par des institutions financières comme Microcred pour s’assurer de sa fiabilité en termes de gestion de crédits.
Ainsi Microcred finance sur cette base pour la première fois cette personne, à qui aucune institution ne voulait prêter de l’argent auparavant, pour ses activités génératrices de revenus.
Comment se fait l’accompagnement en termes de formation de ces ‘nouveaux entrepreneurs’ financés pour la première fois par Microcred ?
C’est là qu’intervient notre offre digitale. Et cela à travers une tablette éducative pour l’alphabétisation et une tablette business pour accompagner les entrepreneurs dans la gestion quotidienne de leurs activités. Ces tablettes acquises seront rechargées par le système solaire installé.
Baobab+ intervient également dans l’accès à l’eau potable. Concernant ce volet, comment intervient-elle?
L’accès à l’eau potable constitue un problème de santé publique surtout en zone rurale. 40 % de la mortalité infantile en Afrique est due à sa pénurie. Notre troisième business unit intervient pour apporter une solution en distribuant en zone rurale, des filtres à eau qui permettent d’avoir accès à de l’eau potable. C’est une de nos solutions permettant de résoudre un tant soit peu ce problème en Afrique.
En tant qu’entrepreneur averti et qui s’investit dans le développement du continent, comment l’énergie et le digital peuvent donner un coup d’accélérateur à l’Afrique en prenant votre exemple ?
L’accès à l’énergie ouvre bien plus de portes en termes de financement et d’accès au digital que le simple accès à la lumière qu’on peut voir au premier abord.
Une fois que les personnes en zone rurale ont accès à l’énergie et au digital, il y a tout un univers qui se crée tel que le développement de leurs activités économiques et celles relatives au numérique en l’occurrence, l’e-éducation, l’e-santé, l’e-agriculture, etc.
L’Afrique va connaitre une explosion démographique sans pareil et va devoir innover pour réinventer les modèles éducatifs, de santé actuels qui ne seront plus adaptés. C’est dans le cadre de ces défis où l’accès au digital va jouer un rôle prépondérant que Baobab+ souhaite anticiper en rendant le digital accessible à tous.
Au cours de mes voyages sur le continent, j’ai rencontré plein de jeunes entrepreneurs brillants que j’encourage à aller vers les secteurs de l’énergie et du digital. Ce sont des atouts importants pour le développement du continent en ce qui concerne les opportunités qu’elles offrent. Je suis prêt à accompagner les jeunes qui le voudraient et à partager notre expérience, notre savoir-faire avec eux.
Vous faites partie de la première promotion du programme Young Leaders de la fondation Africa France, coorganisatrice des Rencontres Africa 2017 qui se tiennent cette première semaine du mois d’octobre dans trois grandes villes africaines. Quelle appréciation faites-vous de ces rencontres ainsi que des initiatives de la fondation ?
C’est un très bel évènement. Rencontrer en un seul endroit tant d’acteurs des économies africaines et françaises est une aubaine pour nous, entrepreneurs.
J’ai eu l’occasion de rencontrer pleins d’entrepreneurs avec des idées, des projets sur lesquels on travaillera ensemble et c’est un de nos objectifs, celui de créer des synergies business avec des entrepreneurs sociaux.
Faire partie du programme Young Leaders est une belle opportunité vu les possibilités de développement qu’il nous offre dans nos activités. La relation qui se crée entre les 20 Young Leaders constitue une émulation qui nous amène à faire plus que ce que nous faisons déjà en termes de développement de nos projets sur le continent.
Également, la fondation AfricaFrance met tout en œuvre pour nous présenter des personnes influentes qui nous donnent envie de nous dépasser afin d’aller plus loin dans tout ce que nous entreprenons.
De ces faits, les actions de la Fondation AfricaFrance sont à pérenniser afin de créer d’autres types de leaders dont le continent a besoin pour un développement économique partagé.
Je vous remercie.