Amis de longue date, l’ancien président Boni Yayi et l’actuel chef de l’Etat du Bénin, Patrice Talon, se sont brouillés depuis 2011. Alors que le milliardaire indique avoir eu des différends suite à son opposition à des velléités de Boni Yayi pour une révision de la constitution lui permettant un 3e mandat, l’ex-patron de la BOAD vient de donner sa part de vérité.
Dimanche dernier, à Parakou, au nord du Bénin, où il a rencontré les militants du parti “Les démocrates”, l’ancien président béninois a donné sa part de vérité sur ce qui l’oppose à son successeur au palais de la Marina, rapporte Banouto.
Boni Yayi a d’abord indiqué qu’il n’a rien contre la personne de Patrice Talon mais que différents faits les opposent.
Coton et port
A en croire Boni Yayi, ce qui l’a opposé à Patrice Talon avant son accession à la magistrature suprême en avril 2016 est relatif à leur position à l’époque et les intérêts de chacun d’eux. Boni Yayi était président de la République et Patrice Talon alors homme d’affaires, « partenaire de l’Etat, fournissant les intrants à nos braves populations de Djidja jusqu’à Zogbodomey en passant par Kétou jusqu’à la partie Nord de notre pays ».
« Lui, il était là pour défendre ses intérêts personnels. Moi, j’étais là pour défendre l’intérêt général. Comment régler cette équation ? Voici ma difficulté », a laissé entendre Boni Yayi avant d’ajouter : « Nous n’avons pas pu nous comprendre ».
« A vrai dire, on s’est parlé comme des frères : Je ne veux pas qu’on me jette des cailloux en fin de mandat. La suite ? Pendant que je suis là, il faut travailler et préserver l’intérêt général. Concomitamment, je vais raccourcir et le port et le coton. Le coton était tombé. Le port était tombé. J’ai été obligé de dire mon cher ami : ça va être très difficile. Continuez avec le coton, je ne peux pas vous lâcher définitivement. Vous avez le monopole de l’intrant. Et il a dit : Je ne livrerai pas les intrants sans avoir le port. Voilà l’équation que nous n’avons pas pu régler », a révélé l’ancien chef de l’Etat.
Contre « sa gouvernance »
Ensuite, Boni Yayi a expliqué que ce qui l’oppose aujourd’hui à Patrice Talon « sa gouvernance qui chicotte en ce moment tout un peuple ». « Là où nous nous ne comprenons pas : sa vision. Là où je ne le comprends pas : ses réformes centrées sur le conflit d’intérêts au sommet de l’Etat qui lui permettent de transférer le patrimoine de l’Etat à lui seul et à son clan. Voilà ce qui nous oppose », a confié l’ancien chef de l’Etat béninois.
L’ancien président qui affirme être disposé à se réconcilier également à son « frère » espère que « Dieu touchera (le) cœur (de son successeur Patrice Talon) pour que ce qui est à l’origine aujourd’hui des gémissements de ce peuple, Dieu Tout-Puissant puisse l’aider ».
