Après une condamnation à quatre ans de détention, ramenée à deux ans, pour incitation à la violence et non-respect des règles contre le Covid-19 le mois dernier, l’ex-dirigeante Aung San Suu Kyi cumule désormais six ans de prison, qu’elle fera certainement assignée à domicile.
La lauréate du prix Nobel de la paix âgée de 76 ans purge sa première peine dans le lieu où elle est tenue au secret depuis son arrestation il y a près d’un an.
Le procès, qui se tient à huis clos devant un tribunal mis en place spécialement dans la capitale surarmée, à Naypyidaw, risque de durer encore des mois puisqu’il reste encore près d’une dizaine de charges à étudier.
Sédition, corruption, incitation aux troubles publics, fraude électorale..: Aung San Suu Kyi a été inculpée à de multiples reprises ces derniers mois.
Une révolution qui dépasse l’influence de l’ex-présidente
L’organisation Human Rights Watch a noté, non sans ironie, que la junte aurait dû s’accuser elle-même d’avoir importé les talkies-walkies puisque les gardes du corps à qui ils appartenaient avaient été nommés par un ministère sous contrôle militaire à l’époque. Selon l’accusation, ce matériel de contrebande aurait été découvert au cours de la perquisition effectuée dans la résidence officielle d’Aung San Suu Kyi lors de son interpellation.
Heureusement, comme le répète l’organisation, la révolution populaire ne dépend pas d’une seule dirigeante ou d’un seul parti politique. L’influence politique d’Aung San Suu Kyi a beaucoup diminué depuis le putsch, avec une nouvelle génération qui a pris les armes contre la junte et a des vues plus progressistes. La population s’attend à ce qu’Aung San Suu Kyi passe le restant de ses jours en prison et la révolution s’est donc construite comme un mouvement de masse, uni derrière un seul objectif : renverser la junte.
Le comité Nobel norvégien, qui attribue le Nobel de la paix, a dénoncé lundi un « jugement politique ».
Avec RFI