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Booba et Kaaris placés en détention provisoire, le procès renvoyé au 6 septembre

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Les deux rappeurs et neuf prévenus devaient être jugés vendredi pour leur implication dans l’affrontement de mercredi à Orly. Tous ont été placés en détention provisoire dans la nuit, en attendant le procès, renvoyé au 6 septembre.

Kaaris et Booba sont derrière les barreaux. Les deux artistes et leurs acolytes ont tous été placés en détention provisoire dans la nuit. Chauffés par un après-midi entier dans le dépôt du palais de justice de Créteil (Val-de-Marne), les rappeurs Booba et Kaaris ainsi que neuf autres prévenus étaient, semble-t-il, prêts à mener une joute oratoire inédite au tribunal correctionnel devant un public conquis. Le président du tribunal en a donc décidé autrement. Les avocats des deux rappeurs ont aussitôt annoncé qu’ils feraient appel de leur incarcération.

Les deux clans répondaient de violences aggravées et de vols aggravés après la bagarre rangée survenue mercredi dans le hall 1 de l’aéroport d’Orly. Devant la boutique ‘duty free’, les rappeurs et leurs amis avaient échangé plusieurs coups. Des bouteilles de la boutique avaient volé, touchant même quelques protagonistes de la rixe. Des blessures plutôt légères avec un à sept jours d’incapacité totale de travail.

Tous les prévenus sauf un ont voulu être jugés sur-le-champ

Le tribunal a renvoyé le procès au 6 septembre, le président expliquant qu’au « regard de l’heure et de la complexité des débats, on accordera très probablement un renvoi ». C’était du reste la demande de l’avocat de Booba, Me Yann Le Bras, estimant qu’il n’était pas sage de juger onze personnes aussi tardivement avec autant de bandes de vidéosurveillance à examiner. D’ailleurs, les deux parties assuraient que les images plaidaient en faveur de leurs clients. Avec le même argument massue : c’est l’autre camp qui a commencé. Mais surprise : tous les prévenus sauf un ont voulu être jugés sur-le-champ.

1800 voyageurs pénalisés

Près de 1800 voyageurs avaient subi des retards. Aéroports de Paris a déposé plainte pour « trouble à l’ordre public avec préjudice d’image et financier », ainsi que « mise en danger de la vie d’autrui ». La société s’est portée partie civile. La bagarre avait empêché, selon la société, la mise en place d’un périmètre de sécurité autour d’un bagage abandonné.

Une deuxième plainte avait été déposée par Air France. Selon la compagnie, les retards de ses appareils lui ont coûté 8500 €. Le gérant de la boutique de duty free, qui a aussi déposé plainte, a, lui, fait état de 54 000 € de dégâts.

Le palais de justice de Créteil (Val-de-Marne) avait des airs de palais des Congrès, accueillant un concert inédit avec deux frères ennemis du rap sur la scène. Une centaine de personnes avait fait la queue pour assister à ce procès hors norme prévu dans la salle de la cour d’assises à la capacité d’accueil plus importante et disposant de deux box où étaient assis les prévenus des deux clans. Devant le tribunal, Booba a assuré qu’il ne savait pas que Kaaris voyageait le même jour que lui. « Si j’avais su, j’aurais changé mes billets », a-t-il dit, précisant qu’il était « bien évidemment prêt à payer 50% des dommages et intérêts ». Le parquet avait requis six détentions provisoires — dont celle de Booba —, une interdiction de paraître dans un aéroport pour les onze prévenus, et un cautionnement conséquent.

La procureur a évoqué « un événement grave », « la violence de la scène », et souligné qu’Orly était « la vitrine de la France ». L’avocat de Kaaris, Me Yakouti, a regretté qu’il n’y ait pas eu de juge d’instruction saisi.

Parmi les spectateurs, une poignée de proches des prévenus, mais surtout des dizaines de fans ou de simples badauds. Il n’y avait d’ailleurs pas assez de place pour tout le monde. Jamais un tel dispositif policier n’avait été, semble-t-il, déployé au palais de justice de Créteil. « Cet après-midi, on ne fait pas notre boulot, soupirait un fonctionnaire habitué à patrouiller dans tout le département. On nous a envoyés d’office pour cette histoire dont on se serait bien passés. » Un renfort policier avait même été demandé avant le début de l’audience.

Costauds à barbe

A côté des policiers, des costauds à barbe, casquette et lunettes noires, pour la plupart des amis plus ou moins lointains des prévenus, attendaient, eux aussi, leur procès. En grappes, des adolescentes étaient venues dès 13 heures. « Je peux approcher Booba et Kaaris sans avoir à sortir un centime », triomphait cette jeune femme qui habite juste à côté dans le quartier du palais. Même au dépôt, l’ambiance était en mode show-biz. A peine sorti du tribunal pour un vol à la tire, Mohammed était aux anges. « J’étais enfermé avec Booba, rayonnait le jeune homme. Il m’a souri quand je l’ai salué ! C’était mon plus beau procès ». Finalement, la sentence est tombée peu avant 2 heures du matin : tous les prévenus ont été placés en détention provisoire en attendant le procès le mois prochain. Une décision que le juge a justifiée en évoquant « l’animosité persistante entre les deux groupes » et le risque de nouvelles altercations.

Avec Le Parisien