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Brésil : l’ex-président Michel Temer, l’intérimaire de Dilma Roussef, arrêté ce jeudi 21 mars

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Moins de trois mois après avoir quitté la présidence, Michel Temer a été invité à régler ses comptes avec la justice. L’ancien président a été cueilli jeudi 21 mars au matin par la police fédérale à Sao Paulo, chez lui, et conduit à Rio pour interrogatoire dans le cadre d’une enquête sur la corruption.

Michel Temer avait déjà fait l’objet d’accusations du parquet à deux reprises lorsqu’il exerçait la présidence, mais il jouissait alors d’une immunité partielle, et le Congrès lui avait évité un procès.

« Non, ce n’est pas une surprise du tout. Ni pour moi, ni pour beaucoup de gens, affirme le géographe Hervé Théry directeur de recherches émérite au CNRS, professeur à l’université de Sao Paolo et spécialiste du Brésil. Il y a eu un épisode où l’un de ses auxiliaires a été pris avec une valise de billets. Il a réussi à parer ce coup-là. Mais ce qu’on dit au Brésil, c’est qu’il contrôlait depuis longtemps le port de Santos. Donc c’est sur le trafic portuaire qu’il arrivait à détourner de l’argent. »

Une opération tous azimuts

A 78 ans, ce vétéran de la politique brésilienne se retrouve ainsi devant la justice commune. La grande enquête anticorruption, baptisée Lava Jato, l’accuse d’être à la tête d’une organisation criminelle depuis 40 ans. Il s’agit du deuxième ancien président de la République pris dans les mailles de Lava Jato. Condamné pour corruption et blanchiment d’argent, Luiz Inacio Lula da Silva purge déjà une peine de 12 ans de prison.

« Je pense que ça va rendre service à la démocratie, puisque les gens du Parti des travailleurs (PT) disaient que c’était quand même une opération très orientée qui ne s’en prenait qu’à eux. Ce qui n’est pas tout fait vrai, parce que le président de la Chambre des députés, Cunha, est toujours en prison. Donc là, c’est le parti central, et l’un des plus notoirement corrompus qui tombe. Ce qui veut dire que c’est vraiment une opération tous azimuts », conclut le géographe Hervé Théry.

Jair Bolsonaro pourrait tirer profit de cette arrestation

Pour Hervé Théry, le président brésilien Jair Bolsonaro peut tirer profit de cette arrestation. « Ça doit le servir puisqu’il a été élu principalement avec ce drapeau de l’anticorruption. En fait, il a été moins porté au pouvoir par une adhésion que par un rejet de la corruption. Donc c’est son titre de gloire principal. Comme il a assez mal commencé, que sa popularité a beaucoup chuté, cette arrestation vient à point nommé pour renforcer l’idée que lui, c’est celui qui s’appose à la corruption. Son choix principal a été de prendre le principal juge anticorruption, Sergio Moro, dont il a fait son ministre de la Justice, et beaucoup de gens ont été surpris qu’il accepte. Il s’est entouré de gens de cette même équipe. Donc cette opération dite Lava jato, « lavage express », continue à avancer… Mais c’est vrai que l’image d’incorruptible de Bolsonaro a été écornée quand on s’est aperçu que son fils, lui, avait pas mal détourné d’argent. Son fils, qui est un député local, est plutôt corrompu dans des histoires ou des accointances avec les milices. Ce n’est pas bien glorieux non plus, mais ce n’est pas exactement le même circuit. Donc, probablement, ça a été moins étudié, et il n’y a peut-être pas des preuves aussi conclusives que dans l’opération Lava Jato.  »

Avec RFI