Trois responsables européens de l’ONG INSO, dont deux Français, ont été arrêtés pour espionnage au Burkina Faso, ont annoncé ce mardi 7 octobre 2025 les autorités du pays.
Au total, huit membres d’INSO ont été arrêtés : le directeur pays, un Français, son adjointe franco-sénégalaise, le directeur général adjoint tchèque de l’organisation basée à La Haye (Pays-Bas), ainsi qu’un ressortissant malien et quatre Burkinabè.
Le directeur pays avait déjà été arrêté fin juillet, au moment où l’ONG avait été suspendue pour trois mois par les autorités pour « collecte de données à caractère sensible sans autorisation préalable ».

INSO fournit notamment des analyses sécuritaires à d’autres associations humanitaires.
Le Burkina Faso est dirigé depuis près de trois ans par une transition qui a tourné le dos à l’Occident et à la France en particulier.
Selon le ministre de la Sécurité Mahamadou Sana, « INSO est une ONG étrangère, dirigée par des étrangers, qui collectait et fournissait des informations sécuritaires sensibles pouvant être préjudiciables à la sécurité nationale et aux intérêts du Burkina Faso, à des puissances étrangères ».
Il a précisé mardi que, malgré la suspension de ses activités décrétée le 31 juillet, certains responsables « ont continué à mener clandestinement ou de façon détournée des activités telles que des collectes d’informations et des réunions en présentiel ou en ligne ».
Les dates exactes des arrestations n’ont pas été précisées, mais le ministre a indiqué que le directeur général adjoint de l’ONG s’était rendu à Ouagadougou le 8 septembre 2025, malgré la suspension.
Notons que le pouvoir, établi y a trois ans, fait face aux violences jihadistes qui frappent de larges pans du territoire. Il a rompu avec plusieurs puissances occidentales, la France en tête, régulièrement accusée par le régime de vouloir déstabiliser le pays, ce que Paris nie.
Un long historique entre les Français et le Burkina Faso
Les autorités ont exigé en 2023 le départ des soldats engagés dans la lutte antijihadiste et ont expulsé plusieurs diplomates français l’an dernier.
Quatre fonctionnaires français accusés d’espionnage avaient également été détenus pendant un an à Ouagadougou avant d’être libérés en décembre 2024 grâce à une médiation marocaine.
Entre juin et juillet, les autorités ont révoqué en l’espace d’un mois l’autorisation d’exercer de 21 ONG et suspendu dix autres associations pour une durée de trois mois.
Ces derniers mois, le régime a libéré une dizaine de personnes arrêtées puis mobilisées, notamment deux figures de la société civile lundi soir.
Fin 2024, le Niger, pays voisin également dirigé par un pouvoir hostile à la France, avait lui aussi révoqué l’autorisation d’exercer d’INSO sur son territoire.
Avec le Mali, où des militaires sont pareillement au pouvoir, ces trois pays sahéliens sont confrontés depuis des années à des violences jihadistes qu’ils peinent à enrayer. Ils se sont rapprochés pour former une confédération, l’Alliance des États du Sahel (AES).
Un ressortissant français est détenu à Bamako depuis début août, accusé de travailler « pour les services de renseignement français », des accusations « sans fondement » selon le Quai d’Orsay.