Au Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traoré a accordé un entretien à la télévision nationale ce dimanche 28 septembre 2025 au cours duquel il a fustigé la Côte d’Ivoire. Le président du Faso a dénoncé l’attitude des autorités ivoiriennes face aux groupes armés qui opèrent dans la région. Ses propos visent directement la Côte d’Ivoire.
Ibrahim Traoré affirme qu’un accord tacite existe entre Abidjan et les organisations terroristes. Il explique ainsi l’absence d’attaques sur le territoire ivoirien.
« Le pouvoir flirte avec les terroristes (…). Il y a un pacte de non-agression. Et quand il y a un pacte de non-agression, vous devenez une base arrière », déclare-t-il.
Selon lui, la situation sécuritaire actuelle en Côte d’Ivoire ne résulte pas de la force de son armée.
Le chef d’État burkinabè prédit des violences futures. Il estime que la Côte d’Ivoire subira des attaques dès que les arrangements financiers avec les groupes armés cesseront.
« S’ils ne gagnent plus ce qu’ils gagnaient, ce pays sera attaqué (…). J’ai dit aux Chefs d’État qu’on ne pactise pas avec les terroristes », prévient Ibrahim Traoré.
La Côte d’Ivoire a connu sa première attaque jihadiste en mars 2016. L’organisation Al-Qaïda au Maghreb islamique avait revendiqué l’assaut contre Grand-Bassam, station balnéaire du sud du pays.
Dix-neuf personnes avaient péri. Plusieurs incursions ont ensuite été enregistrées dans les zones frontalières du nord. Enfin, une accalmie relative s’observe depuis 2021, d’après l’agence APANews.
Le président burkinabè manifeste son inquiétude concernant les élections présidentielles prévues en Côte d’Ivoire. La stabilité du pays voisin affecte directement le Burkina Faso. Des millions de Burkinabè vivent sur le sol ivoirien.
« Les élections en Côte d’Ivoire nous intéressent parce que nous avons beaucoup de compatriotes là-bas. Nous ne voulons pas qu’il y ait des crises là-bas », indique-t-il.
Ibrahim Traoré revient sur ses premières relations avec Abidjan après son arrivée au pouvoir en septembre 2022. Le président ivoirien Alassane Ouattara l’avait contacté dès le 30 septembre 2022.
« Après, son petit frère est venu deux fois nous voir. Ils voulaient que nous suivions une direction. Nous avons dit non. Ils se sont mis contre nous », raconte le capitaine.
Cette rupture diplomatique traduit les choix politiques du Burkina Faso depuis la transition militaire. Bref, Ouagadougou refuse désormais l’influence d’Abidjan sur ses orientations stratégiques.
Le capitaine Traoré justifie cette posture par l’histoire de son pays. « Le Burkinabè est intrinsèquement révolutionnaire », affirme-t-il lors de l’entretien télévisé.
Les tensions entre les deux capitales reflètent des visions divergentes sur la gestion sécuritaire régionale. Le Burkina Faso a rejoint le Mali et le Niger au sein de la Confédération de l’Alliance des États du Sahel, rompant avec la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest où la Côte d’Ivoire joue un rôle central.
