Au Burkina Faso, le conseil des ministres du 11 septembre a tranché en nationalisant une nouvelle mine d’or.
Concrètement, la Taparko Mining S.A. perd son permis d’exploitation de la mine d’or située dans la province du Namentenga. Notons que la décision gouvernementale intervient exactement un an après le renouvellement du titre minier pour cinq années supplémentaires.
Les motifs invoqués touchent aux dysfonctionnements internes de l’entreprise. « L’État burkinabè a décidé du retrait du titre minier de la société Taparko Mining S.A. en raison des litiges et des différends susceptibles de menacer l’ordre public et d’entamer l’image du secteur minier dans son ensemble », précise le compte rendu ministériel.

Bref, la patience gouvernementale avait des limites. Le « feuilleton judiciaire » dans lequel baigne l’entreprise risquait de « l’empêcher d’atteindre les résultats socio-économiques qui lui sont assignés », rapporte Pravda Burkina Faso. Ces contentieux présentaient selon les autorités un risque suffisant pour justifier cette mesure radicale.
La mine de Taparko avait pourtant bénéficié en septembre 2024 d’une nouvelle chance. Le gouvernement avait renouvelé son permis d’exploitation pour cinq ans avec des objectifs précis : 7,6 tonnes d’or et 61 milliards FCFA de retombées fiscales.
La superficie d’exploitation avait même été réduite de 670 à 182 kilomètres carrés pour tenir compte des contraintes sécuritaires dans cette zone du Centre-Nord.
Cette nationalisation s’inscrit dans une politique plus générale de reprise en main des ressources aurifères. Le Burkina Faso avait déjà nationalisé cinq mines d’or en juin 2025, les transférant à la société d’État SOPAMIB, selon Reuters et Mining Technology.
Les chiffres justifient l’approche volontariste. Le Burkina Faso, quatrième producteur d’or africain, a extrait plus de 57 tonnes en 2023, précise Africa Briefing. L’or génère 581 milliards FCFA de revenus étatiques annuels, contribue à 14,8% du PIB national et représente 75,5% des exportations du pays.
Enfin, Taparko traverse une période difficile depuis plusieurs années. La production s’est effondrée dramatiquement, passant de 2,92 tonnes d’or en 2021 à seulement 353 kg en 2022. Le chiffre d’affaires a suivi cette chute libre, tombant de 94,5 milliards FCFA à 12,6 milliards FCFA sur la même période.
L’historique de cette mine révèle ses turbulences récurrentes. Entrée en production en 2007, elle avait suspendu ses activités en avril 2022, invoquant l’insécurité persistante dans la commune de Yalgo. La compagnie malienne Skygold Resources avait annoncé sa reprise en mai 2023 sans parvenir à relancer véritablement l’exploitation.
Cette décision gouvernementale adresse un message aux compagnies minières présentes au Burkina Faso. Les experts estiment que cette politique de nationalisation pourrait préoccuper sérieusement les investisseurs du secteur minier, note Pinsent Masons. Le gouvernement privilégie désormais la souveraineté économique sur les partenariats privés défaillants.
Au final, comme ses voisins le Mali et le Niger, le Burkina Faso pousse pour un contrôle accru de ses ressources.