Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

Burkina Faso : Le procès des auteurs présumés de l’assassinat de Sankara renvoyé à une autre date

Facebook
Twitter
WhatsApp

Le procès des auteurs présumés du meurtre, pendant le coup d’État de 1987, du révolutionnaire burkinabè Thomas Sankara, alors président du pays âgé de 37 ans, a été renvoyé ce lundi au 25 octobre prochain.

À peine ouvert, ce lundi 11 octobre, le procès de l’assassinat du « père de la révolution burkinabè », Thomas Sankara, a été repoussé au 25 octobre prochain à 9 heures.

Le président du tribunal militaire de Ouagadougou, M. Urbain Méda, a accepté une requête de deux avocates de la défense, qui estimaient ne pas avoir eu assez de temps pour consulter « les 20 000 pièces du dossier ». Elles avaient demandé un report d’un mois, au nom de « la manifestation de la vérité ». Elles ont obtenu deux semaines, alors que la capitale est actuellement sous haute sécurité pour ce moment important.

Commises d’office, relativement tard de surcroît, les avocates de la défense ont expliqué n’avoir obtenu le volumineux dossier d’instruction qu’un mois avant l’ouverture du procès, relate l’envoyée spéciale de RFI à Ouagadougou, Gaëlle Laleix. Toutes les parties ont donc convenues qu’un renvoi était raisonnable, compte tenu du peu de temps accordé à la défense pour prendre connaissance du dossier. « Nous voulons que ce procès soit exemplaire », a rappelé Guy Hervé Kam, avocat des parties civiles.

La veuve du président Sankara, Mariam, qui a récemment accordé un entretien à RFI, était présente à l’ouverture du procès. « C’est un jour de vérité pour moi, ma famille et tous les Burkinabè », a-t-elle déclaré dans la matinée. Elle devra patienter encore un peu. En revanche, le principal accusé, l’ancien chef de l’État Blaise Compaoré, 70 ans, ne s’est pas rendu au tribunal. L’ancien compagnon d’arme, ami intime et ministre de Thomas Sankara, porté au pouvoir en 1987 et renversé en 2014, vit en Côte d’Ivoire.

Douze des quatorze accusés étaient pour leur part présents à l’ouverture. Parmi eux : le général Gilbert Diendéré, 61 ans, apparu en tenue militaire. Celui qui figurait parmi les principaux chefs de l’armée burkinabè lors du putsch, avant de devenir chef d’état-major particulier du président Compaoré, purge une peine de vingt ans de prison, pour une autre tentative de coup d’État, en 2015. Il est accusé, comme M. Compaoré, de « complicité d’assassinats », « recel de cadavres », « attentat à la sûreté de l’État ».

 Des soldats de l’ancienne garde présidentielle de M. Compaoré, parmi lesquels l’ancien adjudant-chef Hyacinthe Kafando, chef présumé du commando ayant assassiné Thomas Sankara, et actuellement en fuite, sont également accusés dans ce procès. Le 15 octobre 1987, quelques années après avoir été porté au pouvoir par un coup d’État en 1983, le capitaine Sankara a été tué avec douze de ses collaborateurs, alors qu’il dirigeait une réunion au siège du Conseil national de la révolution (CNR).

À noter qu’une autre question a été tranchée : l’autorisation de filmer le procès n’a pas été accordée. Les parties civiles estimaient qu’il serait bon pour le pays de conserver des archives audiovisuelles. Une disposition de la loi le prévoit dans les moments exceptionnels. Mais la cour en a décidé autrement. « Ce n’est pas la vocation du tribunal de constituer des archives historiques », a réagi Me Moumouny Kopiho, avocat de la défense. « C’est dommage, à l’avenir, nous n’aurons aucune trace, se désole en revanche Luc Damiba, secrétaire général du comité du mémorial Thomas Sankara. Les juges n’ont pas mesuré l’importance historique de ce procès, ni le besoin pour le continent africain de garder ces archives. »

La plus grande partie de l’audience aura surtout été consacrée au tirage au sort des assesseurs militaires devant siéger aux côtés des deux juges civils. Ils sont au nombre de trois avec leurs suppléants. Et cela n’a pas été une mince affaire, car la plupart d’entre eux ont demandé à être excusés pour des motifs divers et variés, allant de la raison de santé à la relation personnelle entretenue avec les accusés, en passant par des impératifs professionnels. « Je suis écœuré par l’attitude de ces officiers, a déploré un proche de victime. Ils sont tous amis, personne ne veut prendre ses responsabilités » a-t-il conclu.

Avec RFI