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Burkina Faso : les révélations explosives de Yacouba Isaac Zida

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Dans une longue interview accordée à Jeune Afrique, cette semaine, l’ex-Premier ministre de la transition, actuellement en exil au Canada, Yacouba Isaac Zida revient sur plusieurs sujets brulants de l’heure.

Son ressenti lors du départ de Blaise Compaoré en 2014, l’affaire des écoutes téléphoniques lors du putsch du général Diendéré, l’implication de Guillaume Soro, la situation sécuritaire, ses ambitions pour la présidentielle 2020, son côté sankariste sont autant de sujets abordés lors de cet entretien qui s’est déroulé dans un hôtel du centre-ville de Montréal.

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Voici quelques extraits

 Qu’avez-vous ressenti le 31 octobre 2014, lorsque vous avez compris que Blaise Compaoré allait quitter le pouvoir ?

Yacouba Isaac Zida : « J’ai été soulagé. Un carnage avait été évité. J’ai longtemps été attaché au service du président Compaoré. Il m’a confié des missions personnelles, et j’ai eu beaucoup d’estime pour lui. Mais son pouvoir s’est usé avec le temps. Après les mutineries de 2011, j’ai cherché à le mettre en garde, mais il n’a jamais pris ça au sérieux. J’ai senti que les choses commençaient à lui échapper. »

Est-ce que ce sont vos hommes qui ont réalisé les écoutes téléphoniques aujourd’hui au coeur du procès de ce putsch manqué ? Qui les a enregistrées et comment ?

YIZ : Je voudrais être clair une bonne fois pour toutes : ces écoutes téléphoniques ont été réalisées par les renseignements burkinabè. Un service du ministère de la Sécurité en était chargé. Ces écoutes sont authentiques. Et ceux qui les contestent le savent parfaitement.

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La responsabilité de Djibrill Bassolé, l’ancien ministre burkinabè des Affaires étrangères, et celle de Guillaume Soro, désormais ex-président de l’Assemblée nationale ivoirienne, ne font donc aucun doute ?

YIZ : Leur responsabilité est indéniable.

Avez-vous été surpris par l’implication de Guillaume Soro ?

YIZ : Oui, car nous étions proches. Nous nous connaissions depuis 2000, quand j’étais officier de liaison auprès de la rébellion des Forces nouvelles. Nous étions en contact pendant la transition. J’ai appris son implication dans le putsch en sortant de détention, dès que les différents éléments ont été mis à ma disposition. Je l’ai immédiatement appelé. Je lui ai demandé : « Guillaume, je ne comprends pas : tu es dans cette affaire? » Il m’a répondu que c’était faux. Je lui ai déclaré que nous avions suffisamment d’éléments prouvant son implication, sans lui expliquer qu’il avait été enregistré. Je lui ai aussi demandé de faire un communiqué pour condamner le coup d’État, pour que nous puissions considérer qu’il regrettait d’y avoir été mêlé. Il a refusé.

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Burkina Faso les révélations explosives de Yacouba Isaac ZidaImaginiez-vous que la situation sécuritaire puisse ainsi se dégrader ?

YIZ : Des menaces planaient déjà sur le Burkina sous la transition. Tous les facteurs étaient réunis pour que la situation se dégrade. Voilà pourquoi nous souhaitions que le chef de l’État s’entoure de personnes compétentes pour diriger l’appareil sécuritaire. Mais la présidence a voulu tout politiser. Le résultat est là. Les attaques sont quotidiennes, et des centaines de personnes sont mortes.
Vous ne cachez pas vos ambitions. Comptez-vous être candidat à la présidentielle de 2020 ?
YIZ : Si je dois servir mon pays, je le ferai par devoir patriotique. Notre jeunesse réclame un changement, qui ne peut se faire qu’à travers un renouvellement de la classe politique. Les gouvernants actuels étaient déjà aux affaires quand la plupart de ces jeunes sont nés. Quand j’écoute cette jeunesse, cela m’amène à réfléchir. Rien n’est décidé pour l’instant, mais, oui, je n’exclus pas la possibilité d’être candidat en 2020.

Il vous faudra également rentrer au Burkina d’ici là… Êtes-vous prêt à prendre ce risque ?

YIZ : Si je dois rentrer pour être candidat, je serai prêt à affronter tous les risques qui pourront se présenter.

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Revendiquez-vous un côté sankariste ?

YIZ : Thomas Sankara est arrivé au pouvoir en 1983, quand je venais d’atteindre la majorité. J’étais au Prytanée militaire de Kadiogo. Il a toujours été notre idole. Nous avons grandi avec le projet de Sankara en tête. Si je dois me revendiquer d’une personnalité politique, ce serait bien de lui.