Burkina Faso, Mali : pas de répit pour les 2 pays sous la coupe des jihadistes

Burkina Faso, Mali : pas de répit pour les 2 pays sous la coupe des jihadistes

Crédits photo : L-Frii Media

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Blocus, violences, pénuries: si les groupes jihadistes s’étendent vers l’ouest du Sahel, ils continuent de frapper durement de larges pans du Burkina Faso et du Mali, où ils sont implantés depuis près de dix ans, selon les témoignages d’habitants de ces zones recueillis par l’AFP.

Entre 60 et 70% du Burkina Faso sont sous la coupe des jihadistes et de larges pans du territoire malien échappent toujours au contrôle de l’Etat, selon plusieurs études.

Au Burkina, plusieurs villes du centre et du nord vivent sous leur blocus et les ravitaillements de l’armée sont régulièrement pris pour cible.

C’est le cas de la commune d’Arbinda, isolée depuis plusieurs mois.

« Arbinda vit une crise alimentaire. Les populations souffrent d’un manque de vivres et de produits de première nécessité », explique un habitant.

« Il y a plus de six mois que la ville n’a pas été ravitaillée. On veut seulement manger », ajoute un autre.

Même cri du coeur à Solhan, plus à l’est: « les gens ont faim. Le dernier convoi de vivres attendu est tombé dans une embuscade, aggravant la situation d’une population déjà épuisée », confie un ressortissant.

« Nous ne pouvons pas cultiver, ni mener des activités hors de la ville. Même les charrettes pour aller chercher du bois sont saisies. Nous appelons à l’aide pour survivre », lance, dépitée, une habitante de Bourzanga, une autre localité.

Le Burkina Faso et le Mali sont confrontés à des violences de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique depuis une décennie.

Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM, selon son acronyme arabe), affilié à Al-Qaïda, est le plus influent dans les deux pays et la « menace la plus importante dans le Sahel », selon l’ONU. Leurs victimes, civiles et militaires, se comptent en milliers.

Au Mali, depuis septembre, le JNIM a démultiplié ses attaques dans l’ouest et le sud du Mali en instaurant un blocus sur les produits pétroliers, occasionnant une pénurie de carburant qui aggrave la situation déjà précaire de millions d’habitants.

Les administrateurs ont déserté la ville

« Depuis deux semaines, nous manquons de carburant. Nos champs ont commencé à s’assécher, faute de carburant pour la pompe », déplore un habitant de San, dans le centre du Mali.

« Aujourd’hui, les camionneurs ne viennent plus à cause des jihadistes qui ont coupé les routes. Nos produits pourrissent ou s’assèchent au bord des champs. Comment payer nos dettes ? », s’interroge un producteur membre de l’Assemblée régionale des chambres d’agriculture de Sikasso (sud).

A Macina (centre), ce sont les symboles de l’Etat qui se font rares.

« Nous n’avons aucune déclaration de naissance, aucun acte de mariage officiel. Les jihadistes ont dit qu’ils ne veulent aucun symbole de l’État, donc les officiers d’état civil et les administrateurs ont déserté la ville », raconte un infirmier de la ville.

Le Mali et le Burkina sont dirigés par des juntes militaires arrivées au pouvoir après des coups d’Etat entre 2020 et 2022.

Les régimes militaires, qui communiquent rarement sur leurs morts, clament régulièrement des victoires dans la lutte antijihadiste qu’ils mènent.

« On assure que l’armée monte en puissance. Mais si des terroristes sont toujours capables d’occuper pendant des jours une localité comme Gomboro, dans une importante région militaire, c’est que ça ne va vraiment pas comme on le clame », dénonce un ressortissant de cette ville du nord-ouest burkinabè.

Le Niger, voisin et allié du Mali et du Burkina dirigé par une junte militaire fait aussi face à des attaques jihadistes meurtrières de Boko Haram, mais également de groupes liés à Al-Qaïda et à l’Etat islamique.

Avec AFP

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