Cameroun / Election présidentielle : Paul Biya gagnant du résultat provisoire ; l’opposition hors d’elle

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Crédit Photo : VOA Afrique

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Au Cameroun, la Commission nationale de recensement des votes a fait connaître le résultat provisoire de l’élection présidentielle : le candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais Paul Biya sortirait vainqueur de l’élection présidentielle avec 53,66 % des suffrages, soit 2 474 179 voix.

Le président sortant, âgé de 92 ans et au pouvoir depuis 1982, devance ainsi tous ses adversaires. Une annonce qui enflamme le pays.

Issa Tchiroma Bakary refuse catégoriquement ces chiffres. L’ancien ministre, candidat du Front pour le salut national du Cameroun, brandit son propre décompte.

Selon ses scrutateurs, il aurait recueilli environ 60 % des voix. Bref, un écart considérable avec les données officielles. Le candidat originaire du Grand Nord maintient sa position : il affirme avoir remporté le scrutin du 12 octobre.

Deux jours après le vote, Tchiroma a même déclaré sa victoire sur les réseaux sociaux et appelé Paul Biya à concéder la défaite. Cette proclamation anticipée survient malgré les avertissements du gouvernement. Le ministre de l’Administration territoriale avait pourtant averti qu’une telle annonce serait considérée comme une haute trahison. Pourtant, aucune sanction n’a été appliquée contre l’opposant. Un silence qui interroge.

Les tensions montent à Garoua, fief de Tchiroma. Des centaines de personnes veulent descendre dans les rues pour soutenir leur candidat. Les forces de sécurité encadrent étroitement le domicile de l’ancien porte-parole du gouvernement. Celui qui fut pendant vingt ans un allié fidèle de Biya observe désormais la situation depuis sa résidence. « Je ne bougerai pas », déclare-t-il avec assurance.

Le scrutin marque néanmoins une rupture dans l’histoire électorale camerounaise. Fin juin 2025, l’ancien ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary avait annoncé sa candidature sous la bannière du Front pour le salut national du Cameroun, après avoir démissionné de son poste de ministre de l’Emploi. Son parcours gouvernemental – notamment comme ministre entre 2009 et 2018 – lui confère une légitimité particulière auprès d’une partie de l’électorat. Enfin, dans certains quartiers de la capitale Yaoundé, des observateurs notent que l’opposant a remporté plusieurs bureaux de vote, fait rarissime.

La proclamation officielle doit se tenir jeudi à 10h30 au Palais des Congrès de Yaoundé. En 2018, les autorités avaient attendu quinze jours avant d’annoncer la victoire de Paul Biya avec 71,28 % des suffrages. Cette fois, le délai semble plus court. L’incertitude demeure.

Huit millions d’électeurs se sont exprimés lors de ce scrutin. Plus de 55 000 observateurs locaux et internationaux, dont l’Union africaine, ont surveillé les opérations de vote. Plusieurs plateformes citoyennes ont compilé les résultats de manière indépendante pour garantir la transparence du processus. Le gouvernement a pourtant critiqué ces actions, dénonçant des tentatives de manipulation de l’opinion publique.

L’atmosphère reste électrique dans tout le pays. Le pouvoir hésite entre répression et attentisme. Certains diplomates craignent l’installation d’un conflit prolongé dans les régions septentrionales, similaire à ce que connaissent depuis des années les zones anglophones. La suite des événements dépendra de l’annonce du Conseil constitutionnel et de la réaction des acteurs politiques. Le Cameroun retient son souffle.

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