Le football unit les peuples dit-on souvent. Mais dans certains cas, ça permet aussi de s’évader. C’est le cas de ce monsieur qui ne dort pas la nuit depuis 4 ans à cause des attaques de Boko Haram.
Gouma Mtha, lorsque 17 heures sonne à sa montre, il abandonne sa maison pour aller se réfugier sur les montagnes de KassaI, ce village situé dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun.
Il y passe la nuit « en partie éveillé », guettant comme les autres habitants les torches de ceux que l’on appelle ici ces « gens-là », des combattants de la secte islamiste Boko Haram qui mène depuis 2014 des attaques dans cette région frontalière avec le Nigeria.
« Dès qu’on voit leurs éclairages, on s’enfonce dans les cailloux des collines. On y a construit des abris, précise cet homme né vers 1963 coiffé d’un chapeau en cuir. Mais pour vous dire vrai, cette nuit, j’ai surtout pensé au match du jour. »
Dès 7 heures du matin, ce jeudi 13 janvier, Gouma Mtha a pris la route pour se rendre à Mora, une localité qui accueille des milliers de personnes déplacées à cause de la menace du groupe islamiste. Plus de deux heures de marche rapide qui l’ont fait traverser des bourgs vidés de leurs populations.
Ce jour-là, le Cameroun affronte l’Ethiopie dans le cadre de son deuxième match de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) de football : ” J’aime trop le football, ça me fait oublier durant quelques heures les attaques de Boko Haram”, dit en souriant ce cultivateur.
Avec lemonde.fr