L’ex-bras droit de Carlos Ghosn, Thierry Bolloré, qui a succédé un temps au Franco-brésilien, avant d’être évincé en octobre à la tête de Renault, a rebondi chez la concurrence. C’est par un communiqué, ce mardi 28 juillet, que Jaguar Land Rover (JLR) a annoncé qu’il sera son nouveau directeur général à partir du 10 septembre prochain. Ce dernier possède «une vaste expertise dans le secteur automobile», se félicite le constructeur automobile.
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Filiale de Tata Motors, JLR est dirigé par Ralf Speth depuis dix ans. L’homme fort du constructeur était auparavant passé par plusieurs entreprises phares du secteur automobile, dont Ford et BMW pendant vingt ans. Diplômé en ingénierie économique, il avait annoncé son départ prochain de JLR en janvier. Il restera toutefois vice-président non-exécutif de Jaguar Land Rover. Le patron de Tata Motors, Natesan Chandrasekaran, salue «une décennie de vision et de leadership exceptionnelle» pour le groupe.
De son côté, Thierry Bolloré souligne le «grand privilège» qui lui est fait et se dit heureux de travailler avec les employés de Jaguar, «réputés pour leur passion et leur esprit d’équipe». «Je suis très enthousiaste à l’idée de rejoindre l’équipe qui continue à façonner l’avenir de cette entreprise emblématique», ajoute-t-il.
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Ce changement à la tête du constructeur arrive dans une période troublée pour l’industrie automobile. En janvier, Jaguar avait annoncé la suppression de 500 postes au Royaume-Uni, après un exercice 2019-2020 déjà compliqué et marqué par l’annonce d’un plan de restructuration visant à réduire les effectifs de 5000 postes. Il souhaitait économiser 5 milliards de livres d’ici mars 2021 et avait décidé de réduire ses investissements pour l’année à venir. L’épidémie de coronavirus a perturbé ses ventes, notamment en Chine et en Europe. Plus récemment, mi-juin, le groupe avait annoncé une perte avant impôts de 500 millions de livres entre janvier et mars, le forçant à se séparer de 1100 emplois intérimaires au Royaume-Uni.
Thierry Bolloré aura la lourde tâche de reprendre l’entreprise dans ce contexte marqué par l’incertitude et la crainte d’une seconde vague de l’épidémie. L’homme n’en est pas à son premier défi : propulsé directeur général délégué du groupe Renault à la suite de l’arrestation de Carlos Ghosn, en novembre 2018, il était rapidement devenu directeur général du constructeur au losange, en janvier 2019. Poste qu’il n’aura cependant pas occupé longtemps : en octobre de la même année, il est débarqué de la direction de l’entreprise par Jean-Dominique Senard, le nouveau président du groupe. En cause, ses méthodes de management, les mauvaises performances du groupe et des conflits internes au sein de l’Alliance Renault-Nissan-Mitsubishi Motors.
Moins d’un an plus tard, le revoilà donc à la tête d’un géant de l’automobile mondiale. Cette transition se fait sans problème juridique, Renault ayant renoncé à exiger l’application de sa clause de non-concurrence en novembre dernier. Cette fois encore, les défis qui l’attendent sont nombreux : «ce sera un grand privilège de diriger cette entreprise fantastique à travers ce qui continue d’être la période la plus éprouvante de notre génération», reconnaît-il dans le communiqué annonçant son arrivée chez Jaguar Land Rover.