Au Mozambique, le Conseil des ministres a validé début octobre 2025 le budget de l’État pour l’année prochaine. Les dépenses publiques atteindront 535,6 milliards de meticais, soit environ 8,4 milliards de dollars. Les recettes prévues ne s’élèvent qu’à 421,9 milliards de meticais. Un écart qui creuse le déficit à 113,664 milliards de meticais, l’équivalent de 1,77 milliard de dollars ou près de 1000 milliards de francs CFA.
Ce déséquilibre représente 6,9 % du produit intérieur brut. Un ratio néanmoins en baisse par rapport à 2025 où le déficit devrait atteindre 126,878 milliards de meticais, soit 8,2 % du PIB.
L’année 2024 avait enregistré un trou budgétaire de 10,9 % du PIB. La trajectoire s’améliore donc progressivement, selon les projections officielles transmises au parlement.

Inocêncio Impissa, ministre de l’Administration d’État et porte-parole du gouvernement, a présenté le Plan économique et social et le Budget de l’État devant la presse à Maputo.
Il a précisé que « les dépenses représenteront environ 32 % du PIB, les recettes publiques environ 28 % du PIB et le déficit budgétaire environ 6 % du PIB ». Bref, le pays continue de dépenser bien au-delà de ses moyens. Cette situation structurelle perdure depuis des années et oblige Maputo à compter sur la générosité de ses partenaires étrangers.
Le gouvernement table sur une croissance économique de 3,2 % en 2026. Un chiffre plus optimiste que les 2,9 % prévus pour 2025 et les 2,2 % enregistrés en 2024. Les troubles postélectoraux qui ont secoué le pays ont ralenti l’activité économique.
Le secteur extractif, porté par les exportations de gaz naturel liquéfié, devrait stimuler la reprise. Le Mozambique dispose des troisièmes réserves de gaz d’Afrique avec 180 millions de pieds cubes.
L’inflation devrait se modérer à 3,7 % en 2026 contre 7 % attendus cette année. Les réserves internationales nettes couvriront 4,4 mois des besoins d’importation estimés pour l’année prochaine.
Ces indicateurs macro-économiques dessinent un horizon moins sombre, même si les défis restent considérables. Enfin, le pays demeure classé en situation de surendettement, bien que sa dette soit jugée soutenable à moyen terme.
Le secrétaire d’État au Trésor et au Budget, Amilár Tivane, avait déjà annoncé ces grandes lignes en septembre dernier. Les recettes fiscales constitueront l’essentiel des rentrées budgétaires.
Le gouvernement prévoit une amélioration de la collecte des impôts grâce à la reprise économique progressive et à la relance des activités productives. Les secteurs de l’agriculture, de la construction, du tourisme, des transports et des services connaissent un regain de dynamisme.
Le financement du déficit s’appuie traditionnellement sur les bailleurs de fonds internationaux qui acceptent de couvrir une partie des dépenses d’investissement. Cette dépendance aux capitaux extérieurs fragilise néanmoins la soutenabilité des finances publiques. Le ministère des Finances a publié un rapport de surveillance des risques fiscaux au deuxième trimestre qui met en garde contre cette fragilité structurelle.
La dette publique atteint 75,2 % du PIB en 2025. Le gouvernement ambitionne de la ramener à 70,1 % d’ici 2028 selon le Scénario fiscal à moyen terme. Cette stratégie passe par la diversification des sources de financement et le renforcement de la gestion de la dette publique. Un objectif qui nécessitera une discipline budgétaire rigoureuse et une rationalisation des dépenses courantes.
Les secteurs sociaux comme l’éducation et la santé continuent de bénéficier d’une attention particulière dans l’allocation des ressources. Plus de 62,8 % de la population mozambicaine, soit 18,9 millions de personnes, vit sous le seuil de pauvreté fixé à 0,7 dollar par jour. Cette réalité impose au gouvernement de maintenir des investissements conséquents dans les services publics essentiels et la protection sociale.
Le parlement examinera dans les prochains jours ce projet de budget. Les députés scruteront notamment la répartition des dépenses entre fonctionnement et investissement. Les élections générales d’octobre dernier ont ravivé les tensions politiques dans un pays régulièrement confronté à des crises électorales. Le climat social reste tendu dans plusieurs régions.