L’Angola semble vouloir se positionner comme une puissance spatiale en Afrique avec l’ambition de concurrencer la NASA grâce à sa propre agence nationale.
Le président de l’Angola, João Lourenço, a en effet annoncé, le 15 octobre 2025, la création de l’Agence spatiale angolaise lors de son allocution parlementaire annuelle. Cette institution prendra le contrôle de tous les enjeux relatifs à la conquête spatiale nationale. Bref, Luanda quitte le rôle de consommateur pour devenir producteur.
L’ambition paraît démesurée pour une nation qui, il y a à peine trois ans, plaçait en orbite son premier satellite de communications. Angosat-2, lancé en janvier 2023, couvre désormais les zones rurales des 13 provinces. Il transmet la voix, l’image, les données. Le projet « Conecta Angola » irrigue les régions isolées du pays. Cette réussite technique pose les fondations nécessaires à l’expansion.

La mutation survient dans un contexte africain effervescent. Le secteur spatial africain a bénéficié d’un financement de 465,34 millions de dollars en 2024, selon le cabinet spécialisé Space in Africa. Le marché spatial global du continent s’évalue à 22,6 milliards de dollars la même année, avec des perspectives de croissance d’ici 2026. Luanda entend capturer une portion de cette manne.
La stratégie gouvernementale s’étend au-delà des transmissions. Un deuxième satellite vient en préparation. Angeo-1, confié au groupe Airbus, permettra l’observation terrestre. Ses capteurs surveilleront l’agriculture, l’environnement, les ressources en eau et les catastrophes naturelles. L’investissement atteint 225 millions d’euros. Un centre d’études spatiales sera construit. Des techniciens et ingénieurs angolais suivront une formation spécialisée dans les institutions russes.
Mário Oliveira, ministre des Technologies de l’information, exposait en avril 2025 l’architecture de cet édifice scientifique. Les objectifs figurent au « Livre blanc des TIC 2023–2027 ». Infrastructure de navigation, de météorologie, de communications modernes : le champ couvre tous les domaines liés à l’espace.
Cette ascension ne sort pas de nulle part. En 2017, le gouvernement avait approuvé la Stratégie nationale spatiale 2016–2025. Le décret présidentiel prévoyait déjà la transformation d’une structure administrative existante, le Cabinet de gestion du programme spatial national, en véritable agence de plein droit. Neuf ans ont passé. Les échanges institutionnels avec les autres agences continentales se sont intensifiés. L’Afrique du Sud, l’Égypte, le Nigeria, le Kenya : ces puissances spatiales ont partagé leurs expériences juridiques et opérationnelles avec Luanda.
Les défis demeurent tangibles. Le calendrier d’activation officielle n’a pas été divulgué. Le gouvernement angolais maintient le silence sur les délais précis. Les procédures légales se poursuivent auprès des autorités chargées de transformer le cadre existant en agence autonome dotée de vrais pouvoirs décisionnels.
Mais sur le terrain, les réalisations parlent. Angosat-2 transmet, produit des retombées économiques, crée de l’emploi aux guichets. Un satellite d’observation en route. Des universités angolaises reçoivent les premiers jeunes étudiants destinés aux métiers de l’ingénierie spatiale. Les ports anismes accueillent déjà les infrastructures adaptées au suivi des dispositifs orbitaux.
L’Angola rejoint ainsi l’Afrique du Sud, le Kenya, l’Égypte, le Nigeria, le Maroc qui disposent d’agences spatiales opérationnelles. Le continent africain compte désormais près de cinquante satellites en orbite. Moins d’une poignée contrôle la technologie qui les fabrique. Luanda entend rejoindre cette élite restreinte. Les États-Unis, la Russie, l’Europe, la Chine, le Japon : ces géants doivent compter avec une nouvelle voix.