L’Afrique du Sud va véritablement augmenter sa production de voitures dans les plus brefs délai. Comment ? Grâce à la Chine et à l’Inde.
Le ministre du Commerce Parks Tau l’a confirmé ce jeudi 2 octobre 2025 : des constructeurs chinois et indiens acceptent de transformer leurs usines d’assemblage sommaire en véritables sites de fabrication. Une manœuvre qui vise à contrer la montée du Maroc dans la course automobile africaine.
Le pays affronte une réalité brutale. Les volumes de production reculent. La Chine inonde le marché. Les droits de douane fluctuent. Et la transition vers l’électrique coûte une fortune. Bref, le secteur tangue.

Beijing Auto Industrial Corporation possède déjà une ligne d’assemblage pour son crossover X55 à Gqeberha, ville portuaire qui abrite aussi Isuzu et Volkswagen.
L’installation peut évoluer vers une production complète. Mahindra, de son côté, monte des pick-up à Durban. L’entreprise indienne a lancé cette année une étude avec l’Industrial Development Corporation pour évaluer la construction d’une nouvelle usine de grande capacité.
« Dans ces deux marchés, les entreprises qui disposent actuellement d’opérations SKD en Afrique du Sud se sont engagées à passer au CKD », a déclaré Parks Tau lors d’une conférence annuelle du secteur.
Le passage du semi-knocked down (SKD) au complete knocked down (CKD) change tout : au lieu d’assembler des kits partiellement montés, les usines recevront des pièces détachées et fabriqueront les véhicules de A à Z sur place.
Les chiffres racontent une désindustrialisation rampante. Andrew Kirby, patron de Toyota South Africa, le rappelle : en dix-neuf ans, la part des véhicules fabriqués localement est passée de 56 % à 33 % en août dernier.
« Cela signifie que nous inondons le marché avec des importations », selon ses mots. Les conséquences touchent l’emploi, la création de richesse locale, les exportations.
Car l’Afrique du Sud règne sur l’automobile africaine depuis un siècle. Mais Neale Hill, président de Ford Afrique, l’admet sans détour : le Maroc pourrait ravir cette première place dès cette année. Le royaume chérifien a produit 559 645 véhicules en 2024, profitant d’une dynamique inverse.
Le gouvernement sud-africain promet un accompagnement. Parks Tau évoque des discussions avec d’autres investisseurs asiatiques intéressés par des partenariats avec les constructeurs existants ou par l’ouverture de nouvelles installations. L’objectif dépasse les frontières nationales : transformer l’Afrique du Sud en plateforme manufacturière pour tout le continent.
Les dirigeants automobiles présents à la conférence de mercredi ont prévenu : sans protections contre les importations massives, le pays risque de voir disparaître son tissu industriel.
Toyota, Ford et leurs fournisseurs discutent actuellement avec les autorités pour trouver des solutions. Enfin, le temps presse. La concurrence chinoise ne dort jamais et le virage électrique demande des capitaux que peu d’acteurs locaux peuvent mobiliser seuls.
Le secteur automobile représente près de 5 % du PIB sud-africain et a généré plus de 400 milliards de rands d’exportations en 2023. Ces montants expliquent l’urgence des négociations en cours.