Ce pays d’Afrique de l’Ouest perd 55 milliards par an ; voici la raison

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Crédits photo : Pexels / Pixabay

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Le Ghana laisse filer 100 millions de dollars (soit l’équivalent de 55 milliards de francs CFA) chaque année. La perte de cette somme colossale résulte d’un problème structurel dans la filière caoutchouc. Le pays exporte massivement sa production sous forme brute au lieu de la transformer localement.

Emmanuel Akwasi Owusu, président de l’Association des transformateurs de caoutchouc (RPA), a révélé ces chiffres le 20 septembre dernier. « Quand vous transformez le caoutchouc brut vendu à 600 $, vous pouvez obtenir 900 $ supplémentaires », a-t-il expliqué. En multipliant par la production annuelle, cela équivaut à cette perte considérable.

Une production massive mal valorisée : des milliards en moins pour le Ghana

L’ex-Gold Coast a exporté 138 212 tonnes de caoutchouc naturel en 2024, pour une valeur de 227,4 millions de dollars selon Trade Map. La répartition révèle le problème : 56,5 % sous forme primaire sans transformation, 37,4 % en caoutchouc techniquement spécifié et seulement 6 % en feuilles fumées issues de transformation artisanale.

Cette situation s’explique en partie par les flux détournés depuis la Côte d’Ivoire. L’interdiction d’exporter du caoutchouc brut entrée en vigueur en 2023 dans ce pays voisin a redirigé les flux vers le Ghana. Des intermédiaires étrangers, notamment indiens et chinois, ont capté une part du marché du caoutchouc brut.

Le Ghana figure parmi les principaux producteurs d’Afrique de l’Ouest avec la Côte d’Ivoire, le Nigeria et le Libéria. Bref, un potentiel énorme mal exploité.

Des capacités industrielles limitées

Ghana Rubber Estate Limited (GREL) reste le principal transformateur avec deux usines traitant jusqu’à 20 tonnes par heure. D’autres acteurs opèrent avec des capacités plus modestes : NARUBIZ Ltd, Rubber Plantations Ghana ltd (RPGL), APEX Rubber Processing et Yaeric Company Ltd.

La RPA appelle les autorités à renforcer la régulation pour assurer la disponibilité de matière première aux industriels locaux. Cette mesure pourrait freiner l’hémorragie de devises.

L’Association des transformateurs de caoutchouc estime que « le secteur du caoutchouc naturel du Ghana est confronté à une perte financière annuelle de 100 millions de dollars », selon Sika Finance. Enfin, Africa24 TV confirme les efforts gouvernementaux pour développer les capacités de transformation avec de nouvelles usines.

Le paradoxe demeure : disposer d’une ressource abondante sans en tirer la valeur optimale. Cette situation interpelle sur les stratégies de développement industriel du pays.

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