Son action tourne en boucle depuis lundi soir sur les réseaux sociaux après son irruption à la télévision russe en plein journal télévisé. Marina Ovsiannikova, puisque c’est d’elle il s’agit, à travers ce geste, veut dénoncer l’offensive en Ukraine par la Russie.
Lors de son apparition sur la chaîne Pervy Kanal, elle portait une pancarte sur laquelle on pouvait lire : “Non à la guerre. Ne croyez pas la propagande. On vous ment, ici”.
Pour mesurer l’audace de son acte, il faut savoir que le journal présenté par Ekaterina Andreïeva, Vremia, n’est pas un petit programme de fin de soirée, mais un rendez-vous quotidien suivi par des millions de Russes. Un antre de la propagande du Kremlin.
Si les images de son coup d’éclat se sont répandues sur les réseaux sociaux à la vitesse de la lumière, Marina Ovsiannikova, elle, a disparu aussi vite qu’elle était apparue à l’écran. Jusqu’à ce qu’elle ait été présentée devant un juge mardi.
Reconnue coupable d’avoir commis une « infraction administrative », Mme Ovsiannikova devra payer une amende de 30 000 roubles (environ 250 euros au taux actuel), selon une journaliste présente à l’audience.
« Ma vie a beaucoup changé »
« Ma vie a beaucoup changé, c’est sûr. Je suis contente d’avoir exprimé ce que je pensais. Plus important, il y a maintenant une nouvelle tendance : d’autres journalistes suivent mon exemple », a déclaré Mme Ovsiannikova à l’issue de l’audience.
Lors d’une brève déclaration à la presse ensuite, elle a dit vouloir avant toute chose « se reposer » après cette épreuve « très difficile ».
« Il s’agit de jours très difficiles dans ma vie, j’ai passé près de deux jours sans sommeil, l’interrogatoire a duré quatorze heures », a-t-elle dit.
« Je n’ai pas eu le droit de parler avec mes proches, ni eu accès à une assistance juridique et c’est pourquoi j’étais dans une position très difficile », a-t-elle ajouté. « Aujourd’hui, je dois me reposer ».
Quinze ans de prison ?
Bien que remise en liberté mardi, elle risque encore des poursuites au pénal passibles de lourdes peines de prison. L’audience de mardi n’était en effet pas directement consacrée à l’action de M. Ovsiannikova à l’antenne de Pervy Kanal, mais à une vidéo diffusée parallèlement sur internet dans laquelle elle dénonce l’entrée des troupes russes en Ukraine.
Son avocat a dit redouter qu’elle soit jugée pour publication d’« informations mensongères » sur l’armée russe, un crime passible d’une peine maximale de 15 ans de prison.