Ce vendredi 5 février, en Centrafrique, l’Assemblée nationale a voté par acclamation un prolongement de l’état d’urgence pour 6 mois. Cette résolution est source d’inquiétudes au sein de la société civile qui craint des « dérives » signalées depuis que la mesure est rentrée en vigueur.
Le gouvernement explique cette restriction par le besoin, pour les autorités, d’avoir les libertés nécessaires afin de pacifier le pays qui, depuis mi-décembre, est guetté par une nouvelle rébellion.
Cependant, pour Gervais Lakosso, « Six mois, c’est trop ». En effet, selon le coordonnateur du groupe de travail de la société civile sur la crise centrafricaine, ce n’est pas le principe de l’état d’urgence qui est problématique, mais sa durée. Ainsi voit-il dans la décision, un « mauvais signal » de la part des autorités.
« Cela démontre un état d’esprit de panique. Nous pensons que le gouvernement ne devrait pas céder à la panique ni distiller de la panique dans le pays parce que, maintenir l’état d’urgence pendant six mois, c’est presque un régime d’exception et c’est inquiétant. Cela démontre que la crise est loin de finir », ajoute t-il.
Gervais Lakosso s’interroge : comment prétendre, dans ce contexte, organiser la suite des élections législatives dans de bonnes conditions ? Le comble, ces quinze derniers jours, écoulés sous l’état d’urgence, ont donné lieu à des « abus » et des « excès de zèle » de la part des forces de sécurité.
« Il y a eu beaucoup de ressortissants de l’ethnie Baya qui ont été arrêtés (l’ethnie de François Bozizé). Il y a un fort pourcentage dans ce groupe ethnique. Il y a eu beaucoup d’arrestations qui tendent vers l’arbitraire, d’enlèvements, de personnes qui par la suite sont retrouvées mortes. Et ce n’est pas normal », déplore Gervais Lakosso.
Denise Brown, représentante spéciale adjointe du secrétaire général de l’ONU en Centrafrique, questionnée à ce propos jeudi, estime qu’il serait précoce de confirmer une position pareille. Toutefois, elle assure que l’ensemble des informations qui lui arrivent relativement aux violations des droits de l’homme, dans la crise en cours, sont méticuleusement étudiées.
Avec RFI