En Centrafrique, le chef anti-balaka Alfred Yecatom Rhombot, mieux connu sous le surnom de ‘Rambo’ a été extradé, samedi 17 novembre, vers la CPI à La Haye.

Un mandat d’arrêt avait été déposé contre lui le 11 novembre 2018 pour des crimes de guerre et crimes contre l’humanité qu’il aurait commis entre décembre 2013 et août 2014 à Bangui et dans l’ouest du pays.
L’acte qui a fait déborder le vase

‘L’honorable député’ Alfred Yekatom regrettera certainement longtemps son coup de sang impulsif à l’Assemblée nationale de Bangui, le 26 octobre.
Ce jour-là, en pleine session parlementaire, il s’accroche avec un autre député. Et soudain sort une arme pour le menacer avant de tirer en l’air à deux reprises. Aussitôt c’est la panique et la débandade.
Peu après le député est évidemment arrêté, et incarcéré au camp De Roux, le QG des forces armées centrafricaines.
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Une vingtaine de jours plus tard, ce samedi, un petit jet l’attend discrètement sur le tarmac de l’aéroport M’Poko de Bangui. À 13h30, il embarque dans le plus grand secret. Direction : La Haye aux Pays-Bas où se trouve le siège de la Cour Pénale Internationale (CPI).
«Rambo» vient de tomber dans les griffes de la justice internationale. Et l’histoire retiendra que cet homme barbu, âgé de 42 ans, est le premier centrafricain transféré à la CPI.

Qui est Rambo ?
Au plus fort de la crise, la milice d’Alfred Yecatom Rhombot, ancien caporal-chef de l’armée régulière, contrôlait une grande partie du sud-ouest de la ville de Bangui ainsi que la route jusqu’à Mbaïki à 110 km de la capitale. Douze checkpoints avaient été érigés sur cet axe où le groupe armé composé d’une centaine d’hommes taxait les véhicules. Des droits de passage avaient aussi été imposés sur la rivière Oubangui.
Le groupe de ‘Rambo’ composé d’environ 3000 hommes était lourdement armé d’AK47, de RPG et de mines antipersonnel. Un cas a particulièrement marqué les esprits à Bangui. Il aurait enterré une personne vivante. Il a participé à l’attaque meurtrière du 5 décembre 2013. Une attaque coordonnée du camp Kassaï, de l’Assemblée nationale et du quartier de Boy-Rabe qui a fait plus de 100 victimes.
Après la crise, Alfred Yecatom Rhombot s’était reconverti en créant sa société de sécurité privée. Il avait aussi été élu député de la circonscription de Mbaïki en 2016.
Une extradition complexe
Cette extradition n’a pas été simple. En vertu du ‘délit de flagrance’, qui supprime automatiquement l’immunité pour les parlementaires, la CPI, qui avait ouvert une enquête en septembre 2014 sur les exactions commises en Centrafrique à cette période, a pu s’autosaisir dès l’arrestation du député, après avoir sollicité la coopération du gouvernement.
Jusqu’au dernier moment, les autorités sont restées discrètes sur cette opération, craignant que des émeutes surviennent à Bangui à l’initiative des membres de l’ex-rébellion anti-balaka.
Après cette extradition, il n’est pas certain qu’il revoie son pays natal de sitôt./.