« C’est la fin d’un cycle », souffle un officier français, ajoutant, qu’ « il n’y aura plus de grandes opérations militaires en Afrique, en tout cas pas dans un avenir proche ». Barkhane s’apprête donc a laissé derrière elle ses trois dernières emprises maliennes: les camps de Gossi, Ménaka et bien sûr, Gao. Et ce ne sera pas une mince affaire. De 6 à 12 mois pour désengager, sachant qu’une saison des pluies diluvienne pourrait ralentir la manœuvre.
Un départ nécessairement par voie terrestre pour les véhicules blindés tels que les Griffons, VAB et autres VBCI, rejoindront les ports du Golfe de Guinée. Les ponts aériens vont également se multiplier, entre Gao, la base aérienne avancée de Niamey et la France. Il faudra aussi trier et reconditionner le matériel, « ordonner la manœuvre pour partir de façon propre, synchronisée et sécurisée », martèle l’état-major des armées. En creux, on comprend que Barkhane ne laissera pas nécessairement beaucoup de matériel aux Forces armées maliennes.
Ce départ est un défi logistique qui nécessitera une haute protection. Les militaires français ont fait passer le message à leurs homologues maliens: « On sera très vigilant sur la sécurité de la Force lors de ce désengagement ».
Takuba quitte aussi le Mali
Symbole d’une Europe de la défense que le président français Emmanuel macron appelle de ses vœux, le groupement européen de forces spéciales Takuba, mis sur pied par Paris en 2020 pour partager le fardeau sécuritaire, devrait également quitter le pays et se dissoudre.
Le départ des 2 500 soldats présents au Mali va donc replacer la présence française au Sahel dans une situation semblable à ce qu’elle était avant 2013. Le poste de commandement (PC) situé au Tchad à Ndjamena demeure, ainsi que la base aérienne projeté de Niamey. Mais la base de Niamey, ne va pas pour autant prendre plus d’importance : « Niamey ne sera pas un point de fixation, pour ne pas créer de tensions », disent des sources militaires.
Tirer des leçons
« Nous entrons dans une nouvelle ère stratégique », souligne l’état-major français à Paris. Certains font remarquer qu’avec les risques d’une guerre de haute intensité en Europe, il n’est plus possible de s’engager pendant une décennie dans de grandes opérations militaires.
« Il faut former et soutenir les armées partenaires, mais les laisser faire, c’est la leçon », dit un militaire français ayant servi à Barkhane, ajoutant que « ça confirme une chose : une armée étrangère dans un pays étranger ne peut pas venir à bout d’un ennemi intriqué dans la population ».
La communication sera aussi l’un des axes d’effort à l’avenir. « Il y a un vrai sujet d’explication de la mission de la France au Sahel auprès des populations. Il existe un véritable enjeu à communiquer vite et juste », soulignent les autorités militaires.
Avec RFI