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Cette règle du français qui ne plaît guère aux Belges, et pas qu’à eux !

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Le participe passé employé avec l’auxiliaire avoir s’accorde avec son complément d’objet direct (COD) seulement si le (COD) est placé devant le verbe.

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Vous n’aimez pas cette fameuse règle de l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir ? Les Belges aussi.

Deux professeurs wallons ont plaidé, dans une tribune publiée dans Libération le lundi 3 septembre, pour la disparition de cette règle aux trop nombreuses exceptions. Et ils sont soutenus par la fédération Wallonie-Bruxelles.

“Osons l’affirmer: les règles d’accord du participe passé actuelles sont obsolètes et compliquées jusqu’à l’absurde”, écrivent Arnaud Hoedt et Jérôme Piron, professeurs de français en Wallonie, où la quasi-totalité des communes ont pour unique langue officielle le français.

La fameuse règle, dont les exceptions occupent pas moins de 14 pages dans le Bon usage de Grevisse, veut que, lorsqu’il est employé avec le verbe avoir, le participe passé s’accorde en genre et en nombre avec le complément d’objet direct (COD) uniquement lorsque ce dernier le précède. Les deux professeurs veulent rendre ce participe passé invariable en toutes circonstances après l’auxiliaire avoir. L’expression “les crêpes que j’ai mangées” deviendrait donc “les crêpes que j’ai mangé”.

“Le temps moyen consacré aux règles actuelles est de 80 heures, pour atteindre un niveau dont tout le monde se plaint. Il serait tellement plus riche de le consacrer à développer du vocabulaire, apprendre la syntaxe, goûter la littérature, comprendre la morphologie ou explorer l’étymologie, bref, à apprendre à nos enfants tout ce qui permet de maîtriser la langue plutôt qu’à faire retenir les parties les plus arbitraires de son code graphique”.

La recette belge pour pallier

Arnaud Hoedt et Jérôme Piron relaient un avis partagé par la fédération Wallonie-Bruxelles qui, “en accord avec ses instances linguistiques, envisage sérieusement d’instaurer l’invariabilité du participe passé avec l’auxiliaire avoir”, selon les auteurs. La fédération elle-même “s’appuie sur les avis du Conseil de la langue française et de la politique linguistique de la Fédération Wallonie-Bruxelles (CLFPL) et du Conseil international de la langue française (Cilf)”. L’équivalent de la délégation générale de la langue française, sous la tutelle du ministère de la Culture, explique Libération.

Les deux professeurs, qui avaient déjà souligné ces règles à leurs yeux vieillottes et absurdes dans une “pièce de théâtre documentaire”, “La convivialité”, savent qu’ils s’attaquent à une forteresse a priori imprenable. Mais ils n’en perdent pas pour autant leur motivation. “En réalité, aucune instance n’a le pouvoir d’imposer une règle d’orthographe, c’est l’usage qui fixe les règles. Donc il suffit de changer l’usage”, dit Arnaud Hoedt.

En attendant, tout n’est pas perdu pour ceux qui sont fâchés avec l’orthographe: Philippe Blanchet, linguiste à l’université de Rennes-2 et soutien des professeurs interrogés par Libération, rappelle qu’une “tolérance orthographique est prévue dans les textes depuis 1975”. Un professeur ne peut donc pas en théorie sanctionner un élève ayant mal orthographié un participe passé avec l’auxiliaire avoir.

Et pourtant !

Avec Le HuffingtonPost