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[Chronique] CAN 2019 : quand l’ego de certains a désormais pris le pas sur le patriotisme

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Gyan qui renonce à la CAN parce qu’il n’a plus le brassard avant de changer d’avis, Samassa qui refuse parce que le Mali ne l’assurerait pas d’être titulaire… Qu’il est loin le temps où les joueurs africains renonçaient à tout pour être du grand festin africain !

Chronique CAN 2019 quand l’ego de certains a désormais pris le pas sur le patriotisme
Collage Roger Mila – Asamoah Gyan

L’autre semaine, il s’est joué du côté du Ghana une tragi-comédie en plusieurs actes. D’un côté le sélectionneur Kwesi Appiah, de l’autre Asamoah Gyan, ci-devant attaquant vétéran des Black Stars. Dans un premier temps, Gyan annonce sur les réseaux sociaux et via sa fondation qu’il renonce à disputer la Coupe d’Afrique des Nations en Egypte puisque le sélectionneur lui retire le brassard de capitaine. À 33 ans, l’attaquant de Kayserispor n’est pourtant plus que l’ombre du goleador qu’il était voici encore quatre ans. Pis : il n’a plus joué en sélection depuis… septembre 2017. 

De fait, le brassard a été confié à un autre, Thomas Partey notamment et désormais à André Ayew. Coup de théâtre le lendemain de sa décision, puisque Gyan déclare qu’il accepte de sortir de sa retraite internationale après intervention du Chef de l’Etat en personne, Nana Addo Dankwa Akufo-Addo ! « On ne refuse pas une demande du président », a dit Gyan Entre temps, le comité de normalisation qui gère actuellement la Fédération l’a nommé « capitaine général » de la sélection en raison de son statut d’ancien… 

Risible. Hier soir, on a appris que Mamadou Samassa, le gardien de but malien de Troyes, aurait décliné sa sélection chez les Aigles. Titulaire dans l’Aube, Samassa (12 capes) aurait échangé avec le sélectionneur Mohamed Magassouba. Ce dernier, qui a utilisé Djigui Diarra durant la campagne éliminatoire, ne pouvant l’assurer d’une place de titulaire, Samassa a préféré renoncer à une phase finale de CAN.

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La CAN, nec plus ultra envolé

Le Mali a fait appel à Ibrahim Mounkoro, le gardien réserviste du TP Mazembe (RDC) pour pallier cette défection. Auteur d’une belle saison à Troyes, rappelons que Samassa s’était imposé comme le titulaire du poste lors de la CAN 2013 en Afrique du Sud, terminée sur une 3e place au classement. Roger Milla et tant d’autres joueurs de sa génération, qui dans un autre siècle ont régulièrement mis en danger leur statut de titulaire en club pour rejoindre la sélection, doivent apprécier… 

Il fut un temps pas si éloigné où disputer une Coupe d’Afrique des Nations, même dans la peau d’un remplaçant – et ce n’est pas si évidemment lorsqu’on est gardien de but – n’était pas un problème. On venait pour y vivre le plus grand événement du football continental. Vivre et apprendre aux côtés d’une élite. On venait et on mettait entre parenthèses les querelles d’hier sur le porteur du brassard. On respectait les choix sans prendre en otage la sélection.

Aujourd’hui, ne soyons pas naïf, certains joueurs posent leurs conditions au préalable. Lorsqu’il s’agit de l’organisation interne de la sélection, des stages et des problèmes liés au terrain et aux primes de participation – comme l’avait fait à un moment donné Thievy Bifouma pour le Congo – elles apparaissent justifiées. Mais que penser d’un joueur qui fait passer son intérêt personnel avant celui de la collectivité ? 

Comme nous n’avons pas encore entendu Mamadou Samassa s’exprimer sur le sujet, nous lui accorderons le bénéfice du doute. À 29 ans, Samassa n’est pourtant pas le premier choix de son pays : il n’a participé qu’à deux matches amicaux depuis mars 2018, pour un total de six sélections en six ans. Mais alors, que s’était-il dit lors du dernier rassemblement à Dakar, ponctué par 45 minutes de jeu contre le Sénégal ? 

Des promesses, ont-elles été évoquées ? Les sélectionneurs sont désormais prévenus : l’ego de certains a désormais pris le pas sur le patriotisme et l’envie de vivre une grande aventure collective. Disputer une CAN n’est finalement plus le nec plus ultra, surtout quand on en a disputé déjà une ou plusieurs. Heureusement, les candidats à la sélection demeurent toujours les plus nombreux !

Franck Simon francefootball.fr