Rechercher
Fermer ce champ de recherche.

>

Cinéma : un psychanalyste analyse le personnage effrayant de Batman

Crédit photo : youtube.com

Facebook
Twitter
WhatsApp

Batman, alias Bruce Wayne, est orphelin : ses parents, Thomas et Martha, ont été assassinés sous ses yeux, alors qu’ils venaient, à sa demande, de voir le Signe de Zorro au cinéma. Imaginez la culpabilité… Batman est le milliardaire le plus endetté au monde, selon Anthony Huard. Il a une dette insolvable auprès de ses parents, tant il se sent responsable. De quoi tomber bien « bat », man !

Une existence pas très comics

Bruce Wayne exprime son symptôme en devenant Batman. Le chevalier noir est la part de Bruce qui lutte contre ses pulsions profondes : celles de supprimer tout le monde pour venger ses parents. En effet, Batman part du principe qu’il ne tuera point.
Il permet donc à Bruce, obsédé du contrôle, d’exister sans succomber à son désir meurtrier. Bien sûr, comme tout symptôme, il permet et empêche à la fois. Car Bruce demeure aussi figé qu’un visage « surbotoxé » dans son trauma fondateur. 

D’ailleurs, sa fameuse Batcave souterraine, à laquelle lui seul a accès, est le siège de son refoulement et agit comme une crypte où il se rejoue la scène traumatique – mais aussi celle des souvenirs heureux – de son enfance. Il a même tout un tas d’engins, dont la Batmobile, pour mettre en mouvement ses pulsions de résistance, malgré tout, et combattre la dépression, voire le suicide.

Mais si Batman nous parle autant, c’est bien parce que son angoisse de perte peut se lire, sur le plan métaphorique, comme celle que subit chaque enfant vers 5 ans, quand il abandonne l’image idéalisée de ses parents et se rend compte qu’ils sont mortels.


On est finalement tous des Batman, même si notre voiture est moins canon. Évidemment, Gotham City et ses dangers sont bien le reflet de l’inconscient de notre patient : le lieu de toutes ses peurs intérieures.


Comme dans un rêve, il y a aussi chez lui, héros marqué par la dualité en permanence (Bruce/Batman), un mécanisme de déplacement : n’ayant pu secourir ses parents, il tente de protéger Gotham, qui serait alors finalement aussi l’autre nom de Martha Wayne, donc une représentation symbolique maternelle en danger à sauver.

Le sale air de la peur

Quant au fameux Joker, son ennemi juré, c’est son contraire, mais surtout la projection et l’expression de ses pulsions destructrices refoulées. La véritable lutte de ce comics est celle entre les trois instances psychiques définies par Freud, à savoir : le moi (le principe de réalité), incarné par Bruce, le surmoi (la censure), incarné par Batman, et le Ça (le pulsionnel), représenté par le Joker.


De plus, n’oublions pas que Batman, malgré son allure de grand gaillard costaud, est ultra-phobique : le Joker symbolise pour lui la peur, comme une araignée représente l’angoisse pour un arachnophobe.


Il va essayer de la contenir, en l’enfermant derrière les barreaux de la prison d’Arkham, mais elle finit toujours, à l’image du Joker, par s’en échapper. Normal, tant que l’on ne traite pas l’origine de son angoisse, elle revient sans cesse.


D’où la nécessité de consulter ! Certains ont vu chez Batman un schizophrène, un psychotique… Or, il est le prototype de la névrose phobique. Il lutte contre une angoisse profonde et s’en sort, même si le coût en est une existence masquée. Comme justement vous vous êtes déjà assez dépensé pour vous en sortir, Mr. Wayne, cette séance est offerte par la maison.