Cobalt : la RDC met fin à ce type d’exploitation

Cobalt RDC

Crédits photo : Wikipedia

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En RDC, le ministre des Mines Louis Watum Kabamba a signé le 19 décembre 2025 un arrêté suspendant toute activité de traitement et de commercialisation du cuivre et du cobalt extraits par les mineurs artisanaux. Le texte bloque l’ensemble des opérations menées par les entités de transformation, ces entreprises individuelles, sociétés commerciales ou coopératives qui achètent la production locale et la transforment en concentrés exportables. La mesure cible directement ce maillon qui rend rentable l’extraction parallèle.

Kinshasa contrôle 70 % de la production mondiale de cobalt. Pourtant, le gouvernement ne dispose d’aucune statistique fiable sur les volumes traités hors des circuits officiels. Les autorités estiment que cette production échappe au contrôle fiscal et alimente des filières d’exportation opaques. Selon l’ONG congolaise LICOCO, de nombreux opérateurs ont obtenu leurs autorisations en versant des pots-de-vin, contournant ainsi les exigences du code minier. L’arrêté impose désormais aux entités de prouver l’origine légale des minerais qu’elles utilisent. Une commission sera chargée de vérifier la traçabilité des approvisionnements.

Les conséquences sociales de cette suspension demeurent difficiles à évaluer. Entre 1,5 et 2 millions de personnes travaillent directement dans l’extraction artisanale. Plus de 10 millions de Congolais en tirent leurs revenus de manière indirecte, rapporte Reuters. Enfin, cette activité représente souvent la seule source de subsistance dans les provinces du Haut-Katanga et du Lualaba. Les sites d’exploitation artisanale prolifèrent depuis des décennies dans ces régions riches en minerais, sans réelle supervision sanitaire ou environnementale.

Cette décision s’ajoute à plusieurs mesures prises par la RDC pour reprendre le contrôle du marché du cobalt. Le 22 février 2025, Kinshasa avait suspendu l’ensemble des exportations, toutes catégories confondues. L’objectif affiché : stabiliser un marché en surproduction et freiner la chute des prix. La stratégie a produit des effets concrets. Le cobalt valait environ 22 000 dollars la tonne en février. Il s’échange aujourd’hui autour de 52 000 dollars, selon les données de Trading Economics. Le ministre des Finances Doudou Fwamba a déclaré lors d’une conférence de presse : « Comment pouvons-nous être le premier fournisseur de 70 % de ce produit sans avoir la moindre influence sur la formation des prix ? »

Les exportations ont repris le 19 décembre 2025, confirme l’Agence Ivoirienne de Presse. Mais uniquement pour les opérateurs industriels respectant le nouveau système de quotas mis en place le 16 octobre. Le plafond global fixé pour la fin de l’année s’élève à 18 125 tonnes. À partir de 2026, les volumes exportés ne devront pas dépasser 96 600 tonnes annuelles. Glencore a obtenu début décembre l’autorisation d’expédier une première cargaison sous ce régime, moyennant une redevance de 10 % versée après évaluation de la qualité des échantillons.

Le cobalt alimente la fabrication des batteries lithium-ion utilisées dans les smartphones, les ordinateurs portables et les véhicules électriques. La demande mondiale reste soutenue par la transition énergétique en cours. La RDC a produit 220 000 tonnes en 2024, soit 76 % de l’offre globale selon l’Institut américain d’études géologiques. Reste à savoir si la suspension de l’artisanat minier permettra effectivement de cartographier les circuits informels et d’établir une traçabilité crédible. Le gouvernement ne communique aucun calendrier précis pour la levée de la suspension.

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