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Colonisation du Congo : des femmes métisses attaquent l’État belge pour crime contre l’humanité

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Ce procès contre la Belgique est mené par des femmes métisses, issues d’unions mixtes au Congo, qui furent soustraites à leur famille et placées dans des instituts. Ces femmes demandent une réparation financière pour les souffrances psychiques et psychologiques endurées dans leur enfance.

Elles sont cinq plaignantes, toutes nées dans les années 1940 dans ce qui était, à l’époque, le Congo belge. Nées d’un père belge et d’une mère congolaise, elles ont été arrachées à leurs familles africaines et placées dans des missions catholiques.

Des instituts gérés par l’Église, mais qui résultaient en fait d’une politique voulue par l’administration coloniale. Entre 12 000 et 20 000 métis ont été ainsi placés, au Congo belge mais aussi dans les mandats coloniaux belges du Rwanda et Burundi. On les appelait, à l’époque, des « mulâtres » et l’explication officielle était que ces enfants devaient recevoir une éducation à l’européenne pour créer une caste de Congolais favorables au régime colonial.

Mais la réalité était tout autre, car dans ces instituts aux conditions de vie sommaires, les métis arrachés à leur famille ne recevaient aucune attention particulière. C’était un placement sous tutelle qui a mis ces enfants en marge à la fois de la société africaine et de la société coloniale.

« Elles sont la preuve vivante d’un crime d’État non avoué »

Pour les avocats des cinq femmes, le fait d’avoir enlevé ces enfants à leurs familles est un crime contre l’humanité et ils réclament pour chacune une réparation financière de 50 000 euros. « Elles ont été enlevées, maltraitées, ignorées, expulsées du monde. Elles sont la preuve vivante d’un crime d’État non avoué », affirment les avocats.

Selon eux, tous les rouages de l’État et de l’administration coloniale belge étaient impliqués dans cette politique qui consistait à enlever en bas âge les enfants métis à leur famille africaine pour les placer dans des missions religieuses. « C’est vrai, plaident les avocats de l’État belge, mais c’était une pratique admise à l’époque pour la protection de l’enfance. » Et d’autre part, « ces faits, qui remontent aux années 1940 et 1950, sont prescrits depuis longtemps. »

La juge rendra son jugement d’ici quatre à six semaines. Les excuses proférées il y a deux ans et demi par le Premier ministre belge à tous les métis du Congo sont insuffisantes pour les cinq plaignantes. Elles-mêmes n’ont commencé que depuis peu à parler de leur souffrance passée à leurs propres enfants. Au-delà de ce procès entamé ce jeudi, elles espèrent aussi que le Parlement belge adoptera un jour une loi de réparation au profit des milliers d’autres métis congolais au vécu similaire.

Avec rfi