On pourrait penser que le Nokia 3310 est un produit qui a été mûrement réfléchi. Dans la réalité toutefois, ce modèle a été conçu dans l’empressement et doit son succès à un accident industriel.
Nous sommes en 2000. Le marché des téléphones portables est dominé par une poignée d’acteurs. Tous ou presque ont toutefois à l’époque les mêmes fournisseurs.
Le GSM n’était à l’époque constitué que de quelques poignées de composants. Le principal, la puce, le microprocesseur d’aujourd’hui, est produit dans une usine de Philips à Albuquerque, aux Etats-Unis. Et cette année-là, l’usine s’envole en cendres.
Il faudra des mois à Philips pour remettre ses chaines de production en activité. La plupart des fabricants se retrouvent avec des stocks très limités qui les empêchent de produire assez d’appareils pour répondre à la demande.
Nokia est le seul acteur du marché qui a anticipé la pénurie. A l’époque, il signe un accord avec plusieurs fabricants de semi-conducteurs, qui va lui permettre d’inonder le marché avec de nombreux modèles de GSM et de dévorer ainsi les parts de marché de ses concurrents.
Incapable de répondre aux demandes de ses clients, Philips a involontairement provoqué la chute d’Ericsson, qui enregistrera des résultats catastrophiques cette année-là, faute de pouvoir commercialiser de nouveaux modèles de GSM.
Nokia, lui, s’empresse de mettre en production de nouveaux modèles de GSM dessinés à la hâte. Le 3310 est le flagship de la marque cette année-là.
Il n’a en soi pas grand chose de neuf puisqu’il est pratiquement une copie du 3210. Il est toutefois proposé à un tarif compétitif. Le Nokia 3310 connaîtra un succès totalement inattendu dans les mois qui suivent.