Condamnation à mort de Joseph Kabila : les contours de la sentence

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crédits photo : Louis Tato / AFP

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La Haute cour militaire de Kinshasa a prononcé la peine de mort ou peine capitale contre Joseph Kabila le 30 septembre 2025. L’ancien président congolais a été jugé par contumace pour trahison et crimes de guerre.

Le tribunal l’accuse de complicité avec le M23, mouvement rebelle qui contrôle Goma et ses environs depuis des mois. Cette sentence arrive au terme d’un procès mené en l’absence du principal intéressé, aujourd’hui hors du territoire congolais.

Pour rappel, Joseph Kabila avait quitté le pouvoir en 2019 après dix-huit années à la tête de la République démocratique du Congo. Son successeur Félix Tshisekedi était alors son allié. Enfin, plutôt son partenaire de circonstance dans une coalition qui n’a pas survécu aux tensions politiques. Les deux hommes se sont progressivement éloignés jusqu’à la rupture complète.

La condamnation à mort de Joseph Kabila comporte également une peine de quinze ans de prison pour complot et des dommages et intérêts fixés à trente-trois milliards de dollars. Mais l’exécution de ce jugement demeure improbable. Un moratoire sur la peine capitale existait depuis 2003 et a été levé en 2024, sans qu’aucune exécution n’ait eu lieu depuis.

Notons que le Front commun pour le Congo (partis de l’ancien président) traverse une période délicate. Ce parti fondé par Kabila avait constitué la principale force politique du pays avant la présidentielle de 2018. Bref, un édifice qui semble aujourd’hui fragilisé.

Plusieurs députés ont déjà rejoint l’Union sacrée de Tshisekedi en 2021, offrant au président une majorité confortable à l’Assemblée nationale. Quarante-deux élus du PPRD, formation politique de Kabila, avaient alors franchi le pas.

L’avenir du FCC se dessine dans le flou. Les militants peuvent choisir deux voies opposées. Soit ils abandonnent un navire qu’ils jugent à la dérive et migrent vers des formations mieux établies. Soit ils se mobilisent autour de leur ancien guide par solidarité ou par calcul politique. Les partis ouest-africains survivent rarement à la chute de leur fondateur. Mais la RDC n’obéit pas toujours aux règles habituelles.

L’animosité entre Tshisekedi et Kabila remonte au pacte conclu en 2019. Les deux hommes s’étaient entendus sur un partage du pouvoir qui s’est rapidement transformé en bataille pour le contrôle des institutions. Le président actuel veut désormais éliminer politiquement son prédécesseur. La sentence de mort constitue l’arme ultime dans cette guerre sans merci.

Arrêter Kabila relève toutefois du défi. Les autorités congolaises n’ont jamais réussi à capturer Corneille Nangaa, coordinateur de l’Alliance Fleuve Congo également condamné à la potence avec mise à prix. L’ancien président dispose probablement de réseaux et de protections qui rendent son arrestation complexe. Et si les accusations de liens avec le M23 se révèlent exactes, le soutien rwandais au mouvement pourrait compliquer davantage la situation de Tshisekedi.

Les opposants congolais observent le dossier avec attention. Certains pourraient soutenir Kabila par opposition au pouvoir en place. D’autres préféreront sans doute garder leurs distances avec un homme condamné pour trahison.

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