Poussé par le désir de vengeance suite à un ‘’acte de sorcellerie’’, le sieur Yao tombe sous le coup de la loi. Douze (12) ans de réclusion criminelle pour homicide volontaire.
En effet, il ressort des faits de l’espèce que, dans la nuit du 2 au 3 janvier 2006, le sieur Kédi, cultivateur à Tométicondji (préfecture de Yoto), ait été frappé mortellement, pendant qu’il était en plein sommeil, de plusieurs coups de machette de Yao, son neveu. Le lendemain, la dame Logossou, mère de Yao, découvrit la machette tachée de sang. Elle interpella son fils, qui lui avoua son crime.
Les mobiles du crime
Poursuivi pour homicide volontaire, Yao a reconnu les faits qui lui sont reprochés, aussi bien en enquête préliminaire que devant le juge d’instruction. S’expliquant sur ses motifs, il déclare que les problèmes avec son oncle ont surgi lorsqu’il lui avait demandé d’œuvrer pour que sa fille Akoko, qui avait abandonné le foyer conjugal regagne son mari. N’ayant pas accueilli ses doléances, son oncle lui répondit par des menaces. En outre, l’inculpé ajoute qu’un jour vers la fin de l’année 2005, sa femme avait envoyé leur fillette Lawoè au moulin. Cette dernière fut interceptée par le sieur Kédi (oncle de l’inculpé) et lui tint des propos incantatoires. Quelques heures plus tard, l’enfant fit une crise et décéda. Le refus de l’oncle de participer aux obsèques de la fillette décédée renforça les soupçons que son neveu avait contre lui d’être la cause de la mort de sa fillette et le détermina à se venger.
L’accusé ayant reconnu les faits, les jurés n’ont pas tergiversé dans le travail de l’établissement de la culpabilité qui est le leur. En répression, le sieur Yao est condamné à 12 ans de réclusion criminelle. Après 10 ans de détention provisoire, il ne lui reste que deux ans.
Problématique : la sorcellerie face au Droit
Cette affaire soulève une problématique, et pas des moindres, celle de la sorcellerie face au droit. Interrogée par nos confrères de la radio nationale sur cette question, Me Stéphanie Nabédé, Avocate de la défense, a laissé entendre que « lorsqu’on parle de la sorcellerie, les juges qui sont en train de juger et l’avocat qui est en train de plaider n’ont pas les moyens de cerner ce monde. Mais, nous savons culturellement que ce monde existe, et même si la cour avait eu des éléments prouvant que la fille de mon client avait été assassinée mystiquement, nul n’a le droit de se faire justice ».
Elle a par ailleurs poursuivi en ces termes, « s’il y a des problèmes de ce genre dans les communautés, le mieux c’est de s’adresser au chef du village qui peut recourir à des praticiens en la matière et essayer de régler, mais la violence ne résout en aucune manière le problème ».
Casimir Lamboni