Julie, une Française de 16 ans en parfaite santé, Chloé, une Britannique de 21 ans sans antécédent médical, et Giancarlo, un Bruxellois de quarante ans très sportif, tous ont succombé ces dernières heures au coronavirus. Contrairement à ce qui était indiqué au tout début de l’épidémie, ce virus ne met pas uniquement en danger la vie des personnes âgées et des personnes en mauvaise santé.
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Il est désormais fréquent qu’il atteigne des tranches d’âge plus jeunes, même si les cas de gravité sont plus rares. Le virologue Marc Van Ranst estime à 10 % la frange de la population belge qui a contracté le coronavirus sans le savoir, en raison de l’absence de symptôme.
Cela signifie qu’il y a d’autres raisons que l’âge et les maladies sous-jacentes pour expliquer que certaines personnes tombent gravement malades, voire perdent la vie, pendant que d’autres s’en sortent avec une simple toux et une nuit de fièvre.
“Nous n’en savons pas assez sur le virus pour savoir exactement pourquoi l’un tombe gravement malade et l’autre pas. Mais c’est comparable à ce que l’on observe dans d’autres infections : la réponse du système immunitaire peut varier considérablement d’un patient à l’autre et détermine ainsi l’évolution de la maladie. Parfois, le système immunitaire peut réagir de manière excessive : cela peut être extrêmement dangereux, et même mettre la vie en danger”, déclare le professeur Bruce Poppe, maître de conférences en génétique humaine à l’Université de Gand (UGent) et spécialiste des maladies rares à l’UZ Gent.
Poppe fait référence aux vaccinations mortelles de Lübeck. En 1930, 251 nouveau-nés ont reçu un vaccin contre la tuberculose à l’hôpital, mais le vaccin était infecté par une véritable bactérie tuberculeuse : 77 enfants sont morts, 127 sont tombés malades et ont été guéris, mais 47 d’entre eux ne présentaient aucun symptôme.
“Cela nous a appris que les gens peuvent tous réagir différemment à une infection. Les chercheurs ont ensuite constaté la même chose avec le VIH : certaines personnes étaient sensibles, tandis que d’autres étaient plus résistantes. Un virus comme le VIH utilise les protéines pour pénétrer dans les cellules. Les recherches ont montré que chez les personnes moins sévèrement touchées, une certaine protéine était moins présente”, poursuit-il à HLN.
L’objectif est donc de présenter, à terme, un profil génétique type des personnes plus vulnérables au coronavirus. “À l’heure actuelle, il est difficile de déterminer l’évolution d’un patient infecté. Qui aura peu de symptômes ? Qui pourrait se retrouver en soins intensifs ? La recherche génétique pourrait nous éclairer sur ce point. Mais nous n’en sommes pas encore à ce stade, que ce soit clair”, précise Bruce Poppe.