À Guitry (220 km au nord-ouest d’Abidjan) et ses environs, tout le monde a entendu parler du célèbre pachyderme qui sillonne depuis un peu plus de deux ans les abords des villages. Chacun l’a déjà vu ou espère l’apercevoir un jour et, petit à petit, des légendes commencent à se dessiner autour de l’animal. On lui prête une capacité intrigante à se déplacer en divers endroits assez éloignés les uns des autres en un temps record, qui contraste beaucoup avec la nonchalance avec laquelle il déambule généralement. Il aurait, par ailleurs, été autrefois un être humain, condamné à demeurer jusqu’à sa mort dans la peau d’un éléphant à la suite d’un sortilège qui a mal tourné.
Mais la réalité est que ce jeune mâle fait normalement partie d’un troupeau vivant dans le parc d’Azagny (d’une superficie de 20.000 ha, il est l’un des plus luxuriants des huit parcs que compte la Côte d’Ivoire.), à environ 50 km de Guitry. Cependant, pour une raison inconnue, il semble affectionner les escapades solitaires. À force de côtoyer les hommes, le mastodonte semble parfois en décoder leur langage et comprendre la plupart du temps ce que l’on attend de lui.
Tout va bien a priori, à ceci près qu’Ahmed se rend parfois coupable de certains actes qui en révoltent. En effet, il a à son actif plusieurs destructions de plantations et récoltes. De plus, il a la particularité de ne pas apprécier les engins roulants, en particulier les motos, dont il déteste le bruit. Mais ce qui inquiète aujourd’hui véritablement les populations, c’est que l’éléphant, naguère docile envers les hommes, montre depuis peu des signes d’agressivité, comme en témoigne ce qui s’est produit le 2 août dernier : ce jour-là, il a manqué piétiner un adolescent.

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Tous ces incidents font qu’à Guitry, il y a d’un côté ceux qui ont peur de l’animal et aspirent à une action rapide des autorités, et de l’autre ceux qui se délectent toujours de le voir et souhaitent qu’il demeure dans les parages. Sur les réseaux sociaux, les internautes ivoiriens qui découvrent, au gré des vidéos publiées par des témoins, les trépidantes aventures d’Ahmed, appellent les autorités habilitées à réagir avant que l’irréparable ne se produise tant du côté de l’animal que de celui des villageois. « Au vu des débordements constatés ces derniers temps, il convient, en effet, d’agir », a déclaré Hermann Aman, chef du service communication du ministère des Eaux et forêts.